Taxe sur l’alcool : trois questions sur cette nouvelle mesure envisagée par Bercy

Dans le cadre du budget 2024 de la Sécurité sociale, le gouvernement envisage de taxer plus lourdement l’alcool. Explications.

Taxe sur l’alcool : trois questions sur cette nouvelle mesure envisagée par Bercy (Crédit : Getty Images) (Getty Images)

Acheter sa bouteille de vin chez le caviste ou son pack de bières au supermarché pourrait bientôt coûter plus cher pour le consommateur. Dans le but réduire le déficit de la Sécurité sociale (environ 8 milliards d’euros en 2023), le ministère de l’Économie envisage plusieurs leviers. L’un d’eux consiste à taxer plus lourdement l’alcool.

1. Quelle est cette nouvelle taxe envisagée par Bercy ?

Pour résorber le "trou" de la Sécu, l’exécutif songe à augmenter les droits d’accises sur l’alcool, cet impôt indirect qui touche la consommation de certains produis spécifiques dont les boissons alcoolisées mais aussi le tabac et les carburants. Cette hausse serait indexée sur l'inflation de l'année précédente, ce qui signifie que le montant de la taxe augmenterait en fonction des prix. Selon Les Échos, le prix de la bouteille de vin pourrait grimper de 30 centimes et jusqu’à deux euros pour les spiritueux.

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Si la somme paraît raisonnable, elle s’ajoute à de nombreux autres dépenses dues à l’inflation pour un secteur déjà fragilisé. Parlementaires et professionnels s’inquiètent d’une telle mesure. "Après la réforme des retraites, l’inflation, les problèmes de précarité, de salaire, on va encore taxer davantage. Je comprends que le gouvernement ne veut pas taxer les entreprises, mais il faut arrêter de taxer les citoyens. Dans ce climat anxiogène, il faut laisser les citoyens souffler", plaide le sénateur socialiste Sébastien Pla chez Public Sénat.

2. Combien pourrait-elle rapporter à l’État ?

Si cette mesure très décriée était adoptée, elle pourrait rapporter près de 300 millions d’euros à l’État chaque année. "En augmentant les taxes, c’est environ 200 à 300 millions supplémentaires pour le trésor public. Donc, ce ne sont pas des montants gigantesques par rapport à l’ensemble de l’économie française ou du budget, mais ce n’est pas non plus négligeable", décrypte Sylvain Bersinger, économiste au cabinet Astérès, sur Europe 1. En plus des économies réalisées, le gouvernement assure aussi vouloir lutter contre la "consommation excessive d’alcool". Les discussions sur cette épineuse question devraient s’accélérer à partir de la rentrée.

3. Est-ce la seule mesure sur la table ?

Avec une dette publique française qui dépasse les 3 000 milliards d’euros, le gouvernement envisage d’autres options pour remplir les caisses de l’État. Alors que le taux d’absentéisme a atteint un niveau record en 2022, le gouvernement envisagerait de s'attaquer aux arrêts de travail de "confort". Selon l’exécutif, les arrêts maladie ont augmenté de 7,9 % en un an, et de 30 % en dix ans, passant de 6,4 millions en 2012 à 8,8 millions en 2022. "Est-ce que quelque chose justifie que les arrêts maladies aient augmenté de 30 % au cours des dernières années ? Ça représente une dépense totale de 16 milliards d’euros par an", questionne Bruno Le Maire, le ministre de l’Economie et des Finances. Parmi les pistes sur la table figurent le renforcement des contrôles, une contribution financière des employeurs ou encore l’augmentation du délai de carence pour les salariés.

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Autre idée impopulaire : doubler le montant du reste à charge lorsque vous achetez un médicament en pharmacie et de la consultation chez le médecin. Ce nouveau coup dur pour le portefeuille des Français pourrait permettre d’économiser un milliard d'euros par an selon les estimations.

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