Takieddine entendu par un juge sur l'argent libyen

Ziad Takieddine a annoncé mercredi sa mise en examen pour complicité de corruption d'agents public étrangers et de détournement de fonds publics en Libye après ses accusations sur la remise d'argent libyen à Nicolas Sarkozy avant la présidentielle de 2007. /Photo d'archives/REUTERS/Charles Platiau

PARIS (Reuters) - L'homme d'affaires Ziad Takieddine est entendu mercredi par un juge au pôle financier de Paris après ses accusations sur la remise d'argent libyen à Nicolas Sarkozy avant la présidentielle de 2007, a-t-on appris auprès de son avocate. Ce Franco-Libanais, qui risque une mise en examen, a dit être entendu par le juge Serge Tournaire sur des soupçons de complicité de corruption, un chef d'accusation qu'il conteste fermement. "Le juge considère que Mouammar Kadhafi a essayé de corrompre Nicolas Sarkozy, mais en échange de quoi ?", a-t-il dit à Reuters à l'occasion d'une suspension de son audition, rappelant que l'ancien chef de l'Etat était l'un des initiateurs de l'intervention militaire de 2011 en Libye. A la mi-novembre, Ziad Takieddine avait affirmé au site d'informations Mediapart avoir remis entre 2006 et janvier 2007 trois mallettes d'argent libyen pour un total de 5 millions d'euros à Nicolas Sarkozy, alors ministre de l'Intérieur, et à Claude Guéant, qui était son directeur de cabinet. Il avait confirmé ses dires devant les enquêteurs le 17 novembre, tout en assurant qu'il n'était pas question à l'époque de financer sa campagne électorale. Son avocate, Elise Arfi, avait en effet expliqué à Reuters qu'il pensait remettre les fonds en vertu d'accords prévoyant la formation d'agents du renseignement libyen par la France. "C'est le mobile qu'on lui donne au moment où il sert d'intermédiaire", avait-elle dit. "A l'époque, il n'a jamais été question de financer une quelconque campagne électorale, il n'a pas d'élément pour l'affirmer." Nicolas Sarkozy et Claude Guéant ont démenti formellement les faits allégués par Ziad Takieddine, mis en examen dans le volet financier de l'affaire Karachi, et leurs avocats ont annoncé des poursuites en diffamation à son encontre. Dans Le Figaro, Nicolas Sarkozy avait dénoncé une "manœuvre nauséabonde pour interférer dans la primaire de la droite et du centre", finalement remportée par son ancien Premier ministre François Fillon. Le parquet de Paris a ouvert en avril 2013 une information judiciaire sur un possible financement libyen de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007. L'enquête porte sur des chefs de corruption active et passive, trafic d'influence, faux et usage de faux, abus de biens sociaux et blanchiment, complicité et recel de ces infractions. Ziad Takieddine avait déjà accusé Nicolas Sarkozy devant la justice ou la presse d'avoir bénéficié de largesses de Tripoli mais il n'avait jamais indiqué avoir lui-même livré de l'argent. (Gérard Bon, édité par Yves Clarisse et Chine Labbé)