Tahiti: les propriétaires de chiens qui avaient "dévoré vivante" une femme de 87 ans condamnés à de la prison avec sursis
Des faits d'une violence rare. Les propriétaires de chiens qui avaient "dévoré vivante" une octogénaire en mai 2020 à Tahiti, en Polynésie française, ont été condamnés à de la prison avec sursis vendredi par le tribunal correctionnel de Papeete.
Deux des propriétaires de chiens, d'anciens trafiquants de drogue en état de récidive, encouraient dix ans de prison pour homicide involontaire.
Le tribunal a finalement prononcé des peines de 4 mois à 3 ans de prison avec sursis, ainsi que la relaxe pour l'un des six prévenus, poursuivi pour complicité.
Acharnement
La victime, âgée de 87 ans, marchait comme chaque matin dans un stade à Pirae, une commune proche de Papeete, quand elle avait été attaquée par une meute de cinq chiens, dont plusieurs étaient des croisés pitbull.
Deux tennismen lui avaient porté secours, barre de fer à la main, mais n'avaient pu éloigner les chiens. Seuls les policiers municipaux y étaient parvenus, mais l'octogénaire était déjà décédée à l'arrivée des secours.
"Son visage a été complètement arraché, avec des blessures aux membres (...) ils se sont acharnés dessus (...) Cette mamie a littéralement été dévorée vivante par des chiens", a déclaré à l'AFP l'avocat de sa famille, Me Teremoana Hellec.
Son corps était si abîmé qu'il a fallu recourir à des prélèvements ADN pour l'identifier. "Il ne faut plus jamais que ça se passe, il faut que les politiques se réveillent, qu'on soit plus sévères", a déclaré, en larmes, Valérie Layoussaint, l'une des filles de la victime.
Jardin non clôturé
L'enquête a déterminé que l'un des animaux était un chien errant. Les quatre autres appartenaient à une famille du quartier et s'étaient échappés d'un jardin non clôturé. Certains des propriétaires avaient lavé à l'eau de javel un chien non repéré par la police: ils étaient aussi poursuivis pour destruction de preuves.
Les propriétaires ont présenté leurs excuses à la famille de la victime, mais l'un d'eux a estimé "normal qu'un chien morde" lorsque le tribunal lui a rappelé qu'un de ses molosses avait déjà mordu au moins deux autres personnes avant le drame. Une autre a déclaré à l'AFP qu'elle regrettait que ses chiens aient été euthanasiés, car c'étaient "de bons chiens, pas méchants".
Les morsures de chiens errants ou divagants sont fréquentes en Polynésie française où les associations de protection des animaux estiment la population canine à 500.000 individus, presque deux fois plus que le nombre d'habitants. Une personne sans-abri a été tuée en juillet 2023 sur l'île de Raiatea et des joggeurs ou des enfants subissent régulièrement de graves blessures.