AT&T renonce à un accord de distribution avec Huawei

par Sijia Jiang

(Reuters) - AT&T, deuxième opérateur de téléphonie mobile aux Etats-Unis, a renoncé à la dernière minute à un partenariat avec Huawei Technologies dont il devait vendre les smartphones, ont confirmé mardi des sources proches du dossier, ce qui constitue un revers majeur dans les ambitions mondiales du groupe chinois.

Selon une autre source, des inquiétudes en matière de sécurité sont notamment à l'origine de ce revirement, signalé en premier lundi soir par le Wall Street Journal. [L8N1P36IV]

AT&T était sous pression pour renoncer à ce partenariat, des membres des commissions du renseignement du Sénat et de la Chambre des représentants aux Etats-Unis ayant adressé le 20 décembre une lettre à la Federal Communications Commission (FCC), l'autorité fédérale des communications aux Etats-Unis, pour lui faire part de leurs inquiétudes, rapporte le site spécialisé The Information.

Le constructeur chinois a déclaré dans un communiqué transmis à Reuters mardi que son smartphone vedette Huawei Mate 10 Pro, censé concurrencer l'iPhone d'Apple, ne serait pas vendu aux Etats-Unis via un opérateur télécoms mais seulement à travers des réseaux de distribution classiques.

"Le marché américain présente des défis uniques pour Huawei et bien que le Huawei Mate 10 Pro ne soit pas vendu par les opérateurs télécoms américains, nous restons engagés sur ce marché aujourd'hui et dans le futur", indique le géant chinois de l'électronique dans un communiqué.

Bien que les deux groupes n'aient jamais confirmé leurs négociations, un accord de distribution avec AT&T était largement attendu cette année, ont dit sous le sceau de l'anonymat les sources au courant du dossier. L'opérateur américain n'a pas souhaité s'exprimer.

Le Mate 10 Pro, lancé en Europe en octobre au prix de 799 euros, est équipé de puces dotées d'une "intelligence artificielle" que Huawei, troisième fabricant mondial de smartphones, présente comme plus rapides que celles utilisées par Apple et Samsung.

Aux Etats-Unis, comme sur de nombreux marchés développés, les consommateurs achètent souvent leurs téléphones chez les opérateurs télécoms qui proposent généralement des subventions, des offres spéciales et toutes sortes de promotion.

En 2012, Huawei et son compatriote ZTE ont fait l'objet d'une enquête américaine visant à déterminer si leurs équipements télécoms n'offraient pas des possibilités d'espionnage et ne constituaient pas une menace pour la sécurité des Etats-Unis. Huawei a toujours rejeté ces allégations.

(Sijia Jiang à Hong Kong; avec Stephen Nellis à San Francisco, Anjali Athavaley à New York, David Shepardson à Washington, D.C. et Sonam Rai à Bangalore, Véronique Tison et Claude Chendjou pour le service français, édité par Bertrand Boucey)