Témoignage. Les galères d’une mère française à New York

Charlotte Jimenez est professeur de français à New York. D’abord incrédule devant la pandémie, elle a vu son quotidien soudainement bouleversé. Récit d’une vie masquée entre télétravail et école à domicile.

Le premier jour. Il est 7 heures, le réveil sonne dans mon petit appartement à New York. Réveiller ma fille de 5 ans, la faire déjeuner, l’habiller en évitant toute situation conflictuelle du type “pas un pantalon, je ressemble à un garçon”, “je veux ces sandales à paillettes”, et j’en passe. Démêler ses cheveux, plus les cris et les pleurs qui s’ensuivent. Nous voilà fin prêtes, comme d’habitude à toute vitesse, parce qu’être en avance ne fait pas (encore) partie de mon vocabulaire.

Nous voici dans le train. Au programme : jeu de Barbie, devinettes, révision de “flashcards”. À seulement 7 h 45 du matin, j’ai déjà l’impression qu’il est midi. Descendre à l’arrêt de l’école. Curieusement, le train est moins bondé que les jours précédents. Je me prends même à penser que les gens de nos jours et dans cette société sont vraiment paranos et hypocondriaques. On descend les quelques blocs qui nous séparent de la station et de son école de l’Upper West Side, un quartier résidentiel de Manhattan avec beaucoup d’intellectuels. Un bisou de bonne journée, et je pars en direction de l’Alliance française où mes élèves m’attendent. Une de mes étudiantes m’annonce que quand même elle va éviter de prendre les transports publics pendant une ou deux semaines, histoire de ne pas mettre en danger ses parents si jamais elle attrape la bête. Sage décision Susannah, je comprends. Moi-même je commence à envisager de ne pas envoyer ma fille à l’école pendant une semaine même si je ne sais pas bien pourquoi. Quelques e-mails plus tard, je découvre que mon boulot décide de fermer ses portes pendant deux semaines “pour commencer”.

Entre doutes et précautions

Sur ce, pensive, je vais chercher ma fille, et là, l’alarme “mauvaise mère” sonne dans ma tête, bip-bip-bip : seuls dix enfants étaient en classe aujourd’hui. Donc d’après mes calculs, environ 60 % des mamans sont des mamans protectrices et responsables, ce qui me range dans les

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