Téhéran dénonce à son tour le projet américain en Syrie

LONDRES (Reuters) - Le projet de la coalition sous commandement américain de constituer une nouvelle force de gardes-frontières dans la région du nord de la Syrie contrôlée par les Kurdes et leurs alliés arabes va "jeter de l'huile sur le feu de la guerre", ont déploré mardi les autorités iraniennes en écho aux propos tenus la veille par Ankara, Damas et Moscou.

La coalition a confirmé dimanche son intention de constituer cette force de 30.000 hommes, dont le noyau dur sera formé d'anciens combattants des Forces démocratiques syriennes (FDS), l'alliance majoritairement kurde qui a repris la ville de Rakka au groupe djihadiste Etat islamique (EI) avec le soutien des pays occidentaux.

Les FDS contrôlent environ un tiers du territoire syrien le long des frontières turque et irakienne, dont les principaux gisements de pétrole du pays.

Le président iranien, Hassan Rohani, a estimé que ce projet constituait une violation du droit international et de la souveraineté de la Syrie.

"Le nouveau plan que les Américains ont en tête viole le droit international et représente un complot contre la souveraineté et la sécurité de la Syrie et de la région", a dit le président iranien lors d'un entretien avec le président du parlement syrien, Hammouda Youssef Sabbagh, en visite à Téhéran.

Le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères avait jugé un peu plus tôt, mardi, qu'une telle force créerait de nouveaux points de friction en Syrie. Téhéran, comme Moscou, est l'un des principaux soutiens du gouvernement syrien dans la guerre qu'il mène depuis presque sept ans contre les insurgés et contre les combattants de l'Etat islamique.

"L'annonce par les Etats-Unis de la création d'une force frontalière en Syrie est une ingérence évidente dans les affaires internes de ce pays", a déclaré Bahram Qasemi cité par l'agence de presse d'Etat Irna avant de demander le retrait de Syrie de toutes les forces américaines.

Moscou a dénoncé lundi le projet américain par la voix de son chef de la diplomatie, Sergueï Lavrov, qui a estimé qu'il risquait de conduire à une "partition de fait" de la Syrie.

Plus virulent encore, le gouvernement de Damas a prévenu que l'armée syrienne était déterminée à "mettre fin à toute présence américaine" sur le territoire syrien, selon les propos d'un responsable du ministère des Affaires étrangères rapportés par la télévision d'Etat.

(Bozorgmehr Sharafedin, Nicolas Delame, Guy Kerivel et Eric Faye pour le service français)