De la Syrie à l’Europe, les rêves brisés des réfugiés

Des réfugiés faisant partie d'un groupe de Syriens et de Palestiniens à leur arrivée dans le port de Catane, en Sicile, en octobre 2013.

Plus d’un million de Syriens ont fui la guerre vers le Liban voisin. De là, beaucoup tentent coûte que coûte de rejoindre un pays qui leur accordera l’asile.

Ahmad revient de loin. Chaque naufrage meurtrier au large des côtes italiennes ou libyennes le lui rappelle. Cet avocat syrien de 28 ans a réussi à atteindre les Pays-Bas il y a quelques mois, au terme d’un périple épique. En mars 2014, lorsque l’armée de Bachar al-Assad reconquiert la région du Qalamoun (frontalière avec le Liban), il quitte la ville de Yabroud et fuit vers Ersal, avant de gagner Beyrouth un mois plus tard. Il n’a déjà qu’une idée en tête : rejoindre l’Europe. La première étape sera Alger, car il a des amis sur place et une filière possible.

Comme une partie des réfugiés syriens, il possède une carte d’identité, mais pas de passeport. Recherché par le régime, il n’a d’autre option que de s’en faire fabriquer un faux pour pouvoir prendre l’avion. L’opération prend trois mois. Une de ses connaissances à Damas rentre en contact avec un membre des moukhabarat (les agents de renseignement), qui subtilise les passeports de personnes décédées. Un juteux business : le sbire du régime touche plus de 3 000 dollars (2 800 euros), et l’intermédiaire près de 500 dollars. «J’ai reçu un passeport d’un homme de 20 ans plus âgé que moi, originaire de la banlieue d’Alep, raconte Ahmad. Je me suis laissé pousser les cheveux et la barbe, j’ai porté des vêtements qui me vieillissaient et je suis allé me prendre en photo. Je l’ai collée sur le passeport. […] A l’aéroport, je n’ai jamais eu aussi peur de toute ma vie. Si j’avais été pris, je risquais des années de prison.» Ce jour-là, le douanier ne semble pas très réveillé. «Il ne m’a pas posé de questions, je n’arrivais pas à y croire !» s’exclame Ahmad.

L’avocat avait hâte de quitter la «prison» libanaise : «Je me sentais en insécurité, les gens me posaient toujours des questions, m’insultaient. J’ai même été frappé.» Il n’est jamais parvenu à trouver d’emploi. (...) Lire la suite sur Liberation.fr

Repères : Immigration/Naufrage
L'essentiel
L'ONU accuse l'UE de transformer la Méditerranée en «vaste cimetière»
Léthargie coupable
700 disparus dimanche, 1 650 en 2015. Mer morte