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Des centaines de soldats américains vont rester en Syrie

Les Etats-Unis vont laisser 400 soldats en Syrie, dont 200 dans le cadre d'une mission de maintien de la paix dans le nord du pays, a déclaré vendredi un responsable de l'administration Trump, au lendemain de l'annonce par la Maison blanche du maintien de 200 soldats pour "un certain temps". /Photo d'archives/REUTERS/Zoe Garbarino/U.S. Army

WASHINGTON (Reuters) - Les Etats-Unis vont laisser 400 soldats en Syrie, dont 200 dans le cadre d'une mission de maintien de la paix dans le nord du pays, a déclaré vendredi un responsable de l'administration Trump, au lendemain de l'annonce par la Maison blanche du maintien de 200 soldats pour "un certain temps".

Selon ce responsable, 200 soldats demeureront stationnés sur la base américaine de Tanf, proche de la frontière avec l'Irak et la Jordanie, dans le sud-est de la Syrie.

Les 200 autres feront partie d'une mission de maintien de la paix dans la région du nord-est de la Syrie contrôlée par les Forces démocratiques syriennes (FDS), fer de lance de la lutte contre le groupe djihadiste Etat islamique (EI) mais bête noire de la Turquie qui voit dans cette force arabo-kurde un mouvement "terroriste".

La force de maintien de la paix devrait comprendre au total 800 à 1500 soldats, a précisé le responsable américain, selon lequel des discussions sont en cours avec les alliés européens des Etats-Unis engagé dans la coalition internationale contre l'EI.

Les dirigeants kurdes de Syrie, dont les miliciens composent la majorité des FDS, ont salué vendredi cette décision qui constitue un recul par rapport à l'ordre donné en décembre par Donald Trump de commencer le rapatriement de l'ensemble des troupes américaines stationnées en Syrie, soit environ 2.000 soldats. Le président américain avait alors proclamé la défaite de l'EI en Syrie.

Mais plusieurs conseillers de Donald Trump lui ont depuis suggéré d'ajuster sa politique afin de garantir la sécurité des FDS et d'empêcher l'Iran d'étendre son influence dans la région.

L'annonce de la Maison blanche est intervenue peu après un entretien téléphonique entre le président américain et son homologue turc Recep Tayyip Erdogan.

LES EUROPÉENS ATTENDUS

D'après la Maison blanche, les deux dirigeants sont convenus de "continuer à coordonner la mise en place d'une potentielle zone de sûreté" à la frontière entre la Turquie et la Syrie.

"Il s'agit d'un signal clair envoyé à nos alliés et aux membres de la coalition" a dit un membre de l'administration Trump.

L'émissaire spécial américain pour la Syrie avait déclaré dimanche dernier que le retrait militaire américain ne serait ni rapide, ni brutal.

Avec cette décision, Donald Trump pourrait atténuer les critiques suscitées par son annonce du retrait des troupes américaines, des voix s'élevant pour dénoncer le caractère prématuré de ce retrait et le champ qui serait ainsi laissé à l'EI pour reprendre du terrain.

Les autorités kurdes dans le nord de la Syrie craignaient qu'un retrait total des forces américaines ne les expose à une attaque turque.

"Nous considérons comme positive la décision de la Maison blanche", a déclaré Abdulkarim Omar, l'un des responsables des FDS.

"Cette décision pourrait encourager les pays européens, en particulier nos partenaires de la coalition internationale contre le terrorisme, à maintenir des forces dans la région", a-t-il ajouté.

"Laisser sur place un certain nombre de soldats américains et un nombre plus important d'autres soldats de la coalition, avec une protection aérienne, contribuera à la stabilité de la région."

Pour Abdulkarim Omar, le maintien de cette présence américaine "pourra inciter le gouvernement de Damas à dialoguer sérieusement en vue de résoudre la crise syrienne".

Lundi dernier, les FDS avaient demandé à la coalition de maintenir de 1.000 à 1.500 hommes en Syrie pour les aider à prévenir un retour des djihadistes.

"Même si 200 soldats américains restent, avec une couverture aérienne, reste à savoir si cela suffira à convaincre la Grande-Bretagne, la France et les autres alliés de maintenir aussi des troupes", a commenté vendredi un diplomate occidental.

(Roberta Rampton, Rodi Said, Ellen Francis, Tom Perry, Steve Holland et Idrees Ali; Jean Terzian, Guy Kerivel et Tangi Salaün pour le service français)