En Syrie, les rebelles islamistes ne sont plus qu’à quelques kilomètres de la capitale Damas

Un combattant rebelle dans un véhicule patrouillant dans les rues de Hama après la prise de la ville, le 6 décembre 2024.
OMAR HAJ KADOUR / AFP Un combattant rebelle dans un véhicule patrouillant dans les rues de Hama après la prise de la ville, le 6 décembre 2024.

INTERNATIONAL - La capitale est prise en étau. Après s’être emparés d’Alep, Hama et de nombreuses localités stratégiques, les rebelles menés par des islamistes extrémistes poursuivent leur percée en Syrie. Ce samedi 7 décembre, ils sont désormais aux portes de Damas, rapporte l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH).

En Syrie, les rebelles islamistes qui veulent « renverser » Bachar al-Assad enchaînent les conquêtes

Les rebelles affirment avoir « encerclé » la capitale tandis que l’OSDH déclare que l’armée syrienne s’est retirée de ses positions dans des localités à environ 10 kilomètres au sud-ouest de Damas. Mais le ministère de la Défense syrien dément, assurant que ses forces ne se sont pas retirées.

Appel du leader de HTS à prendre Damas

Hassan Abdel Ghani, un commandant rebelle, a déclaré que les insurgés s’étaient emparés de locaux des renseignements militaires près de Damas, affirmant « poursuivre la progression » vers la capitale. « Nos forces ont entamé la phase finale de l’encerclement de la capitale Damas », a-t-il poursuivi.

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Le leader du groupe islamiste radical Hayat Tahrir al-Sham (HTS) qui mène la coalition de rebelles en Syrie depuis le 27 novembre, a appelé ses combattants à se préparer à prendre la capitale. « Damas vous attend », a déclaré Ahmed al-Chareh dans un communiqué adressé aux rebelles sur Telegram, en utilisant son vrai nom au lieu de son nom de guerre Abou Mohammad al-Jolani.

Plus tôt dans la journée, la coalition de rebelles avait annoncé avoir pris le contrôle de la province méridionale de Deraa. Une information confirmée par Rami Abdel Rahmane, directeur de l’OSDH, qui a rappelé que Deraa était le berceau du soulèvement de 2011 contre le régime de Bachar al-Assad, repassée sous le contrôle du gouvernement en 2018.

L’OSDH a également annoncé que les forces syriennes avaient aussi abandonné leurs positions dans la province de Qouneitra, qui borde le plateau du Golan annexé par Israël.

Dans le centre de la Syrie, ils sont également aux portes de Homs, la troisième ville du pays. Au moins sept civils ont été tués samedi dans des frappes russes et syriennes près de la ville, selon l’OSDH.

Bachar al-Assad se cache

Plus que jamais affaibli, le président syrien Bachar al-Assad, que les insurgés disent vouloir renverser, n’a pas fait d’apparition en public depuis sa rencontre dimanche dernier à Damas avec le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, dont le pays est un allié du gouvernement syrien.

Peu avant l’annonce de la prise de Deraa par les rebelles, l’armée syrienne avait annoncé qu’elle se redéployait dans cette province, ainsi que la province voisine de Soueida, « après que des éléments terroristes ont attaqué des points de contrôle isolés ». Les forces gouvernementales « commencent à reprendre le contrôle des provinces de Homs et de Hama face aux organisations terroristes », avait-elle aussi ajouté.

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Selon l’OSDH, les forces gouvernementales avaient envoyé « d’importants renforts » près de Homs, tandis que la Russie et la Syrie ont lancé des frappes et des tirs d’artillerie sur les rebelles près de la ville.

Réunion en cours à Doha

Le conflit en Syrie a été déclenché après la répression d’un soulèvement populaire qui a dégénéré en guerre civile en 2011. Il a fait plus d’un demi-million de morts et morcelé le pays en zones d’influence avec des belligérants soutenus par différentes puissances étrangères.

Principal allié du pouvoir syrien, la Russie, prise par sa guerre contre l’Ukraine, et qui dispose de bases militaires en Syrie a appelé ses citoyens à quitter le pays, de même que les États-Unis et la Jordanie voisine.

Autre soutien clé du régime, Téhéran a aussi commencé à évacuer son personnel militaire et des diplomates, selon le New York Times citant des responsables iraniens et de la région. Une source proche du Hezbollah a toutefois annoncé samedi que le mouvement libanais avait envoyé 2 000 combattants en renfort dans la ville de Qousseir, une de ses places fortes en Syrie proche de la frontière avec le Liban, pour la défendre en cas d’attaque des rebelles.

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Dans ce contexte, une réunion consacrée à la Syrie a débuté à Doha entre les chefs de la diplomatie turque, russe et iranienne, dont les pays sont partenaires depuis 2017 du processus d’Astana initié pour faire taire les armes.

Selon le Premier ministre du Qatar Mohammed ben Abdelrahmane Al-Thani, Bachar al-Assad « n’a pas saisi l’occasion de dialoguer et de rétablir (la confiance) avec son peuple » pendant les années qui ont précédé l’offensive rebelle, lancée à la surprise générale.

Les violences ont fait au moins 826 morts dont une centaine de civils depuis le 27 novembre, date du début de l’offensive éclair, selon l’OSDH. Au moins 370 000 personnes ont été déplacées d’après l’ONU.

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