Damas accuse les rebelles d'un bombardement au chlore à Alep

Des obus tirés samedi par des rebelles à Alep en Syrie ont fait des dizaines de blessés tandis que neuf personnes étaient tuées dans la province d'Idlib par des bombardements de l'armée syrienne. /Photo prise le 24 novembre 2018/REUTERS/SANA

BEYROUTH (Reuters) - Les autorités syriennes et russes ont accusé dimanche les rebelles d'avoir eu recours à des armes chimiques qui auraient fait une centaine de blessés à Alep.

Les obus qui se sont abattus samedi soir sur la ville reprise il y a deux ans par les forces gouvernementales y ont répandu une forte odeur à l'origine de difficultés respiratoires, rapporte de son côté l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).

L'agence de presse syrienne Sana fait état de 107 blessés dans trois quartiers visés où des obus contenant un gaz toxique se seraient abattus. Il s'agit du plus lourd bilan depuis la reprise d'Alep. L'OSDH parle, lui, de 94 blessés.

Dans un communiqué, le ministère syrien des Affaires étrangères invite le Conseil de sécurité des Nations unies à "condamner immédiatement et fermement ces crimes terroristes" et à prendre des mesures "dissuasives et punitives à l'encontre des régimes qui soutiennent et finances le terrorisme".

Selon le ministère russe de la Défense, les tirs provenaient d'un secteur aux mains des djihadistes de l'ex-front Al Nosra dans la zone dite de "désescalade" instaurée dans la province d'Idlib.

"Selon les informations préliminaires dont nous disposons, qui sont confirmées notamment par les symptômes d'empoisonnement de certaines victimes, les obus utilisés pour bombarder des zones résidentielles d'Alep contenaient du chlore", écrit le général Igor Konachenkov.

"MENSONGE"

Moscou va en informer les autorités turques, qui sont garantes du respect du cessez-le-feu dans la zone de désescalade, ajoute le ministère.

"Nous ne pouvons pas connaître la nature du gaz, mais nous pensons qu'il s'agit de chlore et nous avons soigné les patients sur la base de cette hypothèse en raison des symptômes", a déclaré à Reuters Zaher Batal, président du Syndicat des médecins d'Alep.

Les rebelles nient quant à eux tout recours à des armes chimiques. "Le régime criminel tente, sur instructions de la Russie, d'accuser les rebelles d'utiliser des substances toxiques à Alep. C'est un mensonge", écrit sur Twitter Abdeslam Abdel Razak, au nom du mouvement armé Nour al Din al Zenki.

Abou Omar, porte-parole du Faïlak al Cham, a par ailleurs accusé Damas d'une machination destinée à justifier une offensive.

D'après l'OSDH, des tirs des forces gouvernementales ont par ailleurs causé la mort de sept enfants et de deux femmes à Djardjanaz, village de la province d'Idlib qui se trouve dans la zone démilitarisée instaurée en vertu de l'accord russo-turc du 17 septembre. L'Observatoire a en outre signalé dimanche des raids aériens sans précédent depuis cet accord dans les faubourgs ouest d'Alep, à la lisière de la province d'Idlib.

L'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) a imputé à l'armée syrienne plusieurs bombardements au clore et un recours au gaz sarin en avril 2017, mais a également accusé les djihadistes de l'Etat islamique d'avoir utilisé du gaz moutarde.

(Ellen Francis; Jean-Philippe Lefief pour le service français)