Syrie: L'OIAC ignore quand les inspecteurs pourront se rendre à Douma

LA HAYE/BEYROUTH (Reuters) - Des agents de sécurité de l'Onu ont été pris pour la cible de tirs à Douma, en Syrie, lors d'une reconnaissance préalable à la visite des inspecteurs de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) et on ignore quand cette visite pourra avoir lieu, a annoncé le directeur de l'organisation.

Les experts de l'OIAC ont été dépêchés en Syrie samedi pour enquêter sur le bombardement à l'arme chimique qui aurait eu lieu à Douma et que les Occidentaux imputent aux forces fidèles à Bachar al Assad.

Selon la France et le Etats-Unis, Damas et son allié russe pourraient chercher à en faire disparaître les preuves.

"Nous sommes au courant du retard que le régime a imposé à la délégation (de l'OIAC) et nous savons aussi très bien comment ils ont procédé par le passé pour cacher ce qu'ils ont fait en utilisant des armes chimiques", a commenté James Mattis, le secrétaire à la Défense américain.

"En d'autres termes, ils utilisent le temps de latence après une frappe comme celle-là pour essayer de supprimer les preuves avant que l'équipe d'enquêteurs ne puisse arriver", a-t-il ajouté.

Le directeur de l'OIAC, Ahmet Üzümcü, a expliqué que la mission de l'Onu n'avait pas eu d'autre choix que de rebrousser chemin.

"En arrivant sur le premier site, une grande foule était réunie et les ordres de l'UNDSS (le Département de sûreté et de sécurité des Nations unies) étaient d'abandonner la mission de reconnaissance", a dit Ahmet Üzümcü, .

"Sur le deuxième site, l'équipe a été prise pour cible à l'arme légère et des explosifs ont été mis à feu. L'équipe de reconnaissance est retournée à Damas", a-t-il poursuivi.

Selon un responsable proche du régime syrien, l'équipe de sécurité de l'Onu a été accueillie par des manifestants qui protestaient contre les frappes des Etats-Unis, de la France et du Royaume-Uni.

"C'était un message du peuple", a-t-il dit, ajoutant que la mission se poursuivrait.

Par ailleurs, les "casques blancs" de la défense civile syrienne ont indiqué mercredi aux inspecteurs OIAC où étaient enterrées les victimes de l'attaque à l'arme chimique.

(Anthony Deutsch et Toby Sterling à La Haye, avec Laila Bassam, Tom Perry, Dahlia Nehme et Ellen Francis à Beyrouth, Idrees Ali et Phil Stewart à Washington ; Jean-Philippe Lefief, Arthur Connan et Tangi Salaün pour le service français)