Syrie: les forces jihadistes et rebelles entrent dans la ville d'Alep
Les forces jihadistes et rebelles qui ont lancé une vaste offensive dans le nord de la Syrie sont entrées ce vendredi 29 novembre dans la ville d'Alep, deuxième ville du pays, ont indiqué une ONG et des témoins.
Ces combats, qui ont fait plus de 255 morts selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme, sont les plus violents depuis 2020 dans le nord-ouest de la Syrie, où la province d'Alep, en grande partie aux mains du régime de Bachar al-Assad, jouxte le dernier grand bastion rebelle et jihadiste d'Idleb.
"Ils sont entrés dans les quartiers ouest et sud-ouest", a affirmé à l'AFP le directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), Rami Abdel Rahman. Deux témoins ont confirmé à l'AFP avoir vu des hommes armés et ont fait état de panique dans la grande ville du nord de la Syrie.
Cinq quartiers pris par les jihadistes
Les jihadistes ont ensuite pris le contrôle de cinq quartiers de la ville, a par ailleurs indiqué le directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), Rami Abdel Rahman, alors que les forces du régime "n'ont pas opposé de grande résistance".
Selon cette ONG, basée au Royaume-Uni et qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie, le groupe jihadiste Hayat Tahrir al-Sham (HTS) et des formations alliées, certaines proches de la Turquie, étaient parvenus ce vendredi aux portes de la ville "après avoir mené deux attentats-suicide avec des voitures piégées".
Selon l'OSDH, les combats ont aussi atteint vendredi la ville stratégique de Saraqeb, tenue par le régime et située au sud d'Alep, à l'intersection de deux autoroutes.
La Syrie dit avoir repoussé une "grande offensive"
L'armée syrienne, qui a déployé des renforts à Alep, selon un responsable de la sécurité, a assuré avoir repoussé "la grande offensive des groupes terroristes" et regagné plusieurs positions.
Pendant la guerre civile qui a éclaté en 2011, les forces du régime, soutenues par l'aviation russe, avaient repris en 2016 la partie est d'Alep aux mains des insurgés, à la faveur de bombardements dévastateurs. Des habitants d'Alep, joints au téléphone par l'AFP, ont fait part de leur inquiétud
"Pour la première fois depuis près de cinq ans, nous entendons les roquettes et des obus d'artillerie tout le temps, et parfois les avions", a raconté Sarmad, un homme de 51 ans.
"On a peur que le scénario de la guerre se répète, et qu'on soit obligés de fuir nos maisons", a-t-il ajouté.
Premiers bombardements en quatre ans
Un correspondant de l'AFP se trouvant du côté des rebelles a fait état ce vendredi d'intenses combats aux environs d'Alep. Les combattants ont affirmé recevoir des ordres d'une chambre d'opérations commune.
Cette offensive a permis aux jihadistes de conquérir une cinquantaine de localités depuis mercredi, selon l'OSDH. Vendredi, les aviations russe et syrienne ont lancé des raids intensifs sur la région d'Idleb, a indiqué l'ONG.
Les combattants ont bombardé Alep pour la première fois depuis quatre ans, visant la cité universitaire où quatre civils ont été tués, selon l'agence officielle Sana.