Syrie: Des habitants fuient Douma, l'évacuation de Harasta débute

BEYROUTH/DAMAS (Reuters) - Des rebelles syriens appartenant au groupe Ahrar al Cham ont quitté jeudi la ville syrienne de Harasta, dans la Ghouta orientale, à bord d'autocars et ont remis la localité aux forces progouvermentales.

Peu après la tombée de la nuit, une trentaine d'autocars tranportant des rebelles et leurs familles ont quitté Harasta, ont annoncé les médias officiels syriens qui évaluent à 1.500 personnes, dont 413 combattants rebelles, le nombre d'évacués.

Le convoi a reçu l'assurance de pouvoir rejoindre le nord-ouest de la Syrie où les insurgés tiennent encore plusieurs secteurs.

En tout, 18 à 20.000 personnes devraient quitter Harasta dans le cadre de l'accord conclu entre le gouvernement et Ahrar al Cham, indiquait-on jeudi matin de source gouvernementale syrienne.

A Douma, autre localité de la Ghouta orientale, des milliers d'habitants, plus de 6.000 selon les médias officiels syriens, ont également pris la route de l'exode.

Selon l'agence Tass, qui cite des militaires russes, 6.500 personnes seraient au contraire revenus dans les villes de Kafr Batna et Sakba, repassées sous le contrôle des forces progouvernementales.

Une webcam du ministère installée au point de passage d'Al Wafidine, près de Douma, diffusait jeudi des images présentées comme celles de civils rejoignant en petits groupes le territoire tenu par les forces du président syrien, Bachar al Assad.

D'après l'OSDH, la Russie a garanti la sécurité des civils qui sortent de l'enclave. Moscou et Damas ont souvent accusé les rebelles d'empêcher les habitants de quitter les secteurs qu'ils contrôlent pour s'en servir comme boucliers humains.

Douma est la ville la plus densément peuplée de la Ghouta orientale, une région essentiellement agricole à la périphérie de Damas dont l'armée syrienne a repris 70% du territoire ces dernières semaines.

Plus de 1.500 civils ont été tués dans les bombardements et les combats depuis le début de l'offensive gouvernementale le mois dernier, selon le décompte de l'OSDH, ONG basée à Londres.

L'armée syrienne et ses alliés ont réussi à couper la Ghouta en trois parties isolées les unes des autres, contrôlées par trois groupes rebelles différents.

LA REDDITION OU LA MORT

Dans le cadre de cet accord, 13 soldats syriens capturés par les insurgés ont été échangés jeudi matin contre cinq rebelles, a rapporté un organe de communication militaire du Hezbollah libanais, allié de Bachar al Assad.

Il s'agit du premier accord de ce genre dans la Ghouta orientale, où il n'y a plus désormais que deux poches de résistance insurgées, l'une à Douma et l'autre englobant les villes de Jobar, Aïn Terma, Arbine et Zamalka, contrôlées par le troisième groupe rebelle, Faïlak al Rahman.

Des raids aériens ont visé jeudi deux de ces villes, Arbine et Zamalka, où au moins 19 personnes ont été tuées, selon l'OSDH.

Un officier de l'armée syrienne interrogé par la télévision d'Etat a promis "la mort à ceux qui ne se rendent pas".

Dans la soirée de jeudi, le groupe rebelle Faïlak al Rahmane a annoncé un accord de principe portant sur l'instauration d'un cessez-le-feu pour des motifs humanitaires.

"Faïlak al Rahmane a communiqué par le canal des Nations unies et les Nations unies ont trouvé un accord de principe sur un cessez-le-feu qui débutera à minuit heure de Damas (22h00 GMT) le vendredi 23 mars (...) afin de trouver le moyen de discuter avec le camp russe d'une solution garantissant la sécurité des civils et garantissant la fin de leurs souffrances", a déclaré à Reuters Wouael Alwouane, porte-parole du groupe, dans un message enregistré.

La reprise de la Ghouta, autrefois surnommée "l'oasis de Damas", représenterait le succès le plus important pour Bachar al Assad depuis celle d'Alep-Est fin 2016.

Le président syrien ne s'y est pas trompé et dans une rare apparition publique, il s'est affiché dimanche auprès de ses soldats non loin de la ligne de front.

(Firas Makdesi et Kinda Makieh à Damas, Ellen Francis et Angus McDowall à Beyrouth, Eric Faye, Tangi Salaün et Nicolas Delame pour le service français)