Syrie : derrière la prise de Damas et la chute de Bachar al-Assad, le groupe jihadiste HTS, ex-branche d’Al Qaïda

Les forces rebelles sont entrées dans Damas et ont annoncé, ce dimanche 8 décembre, la chute du régime al-Assad
LOUAI BESHARA / AFP Les forces rebelles sont entrées dans Damas et ont annoncé, ce dimanche 8 décembre, la chute du régime al-Assad

INTERNATIONAL - Une offensive éclair. En l’espace de quelques jours, le régime de Bachar al-Assad a essuyé de nombreuses pertes en Syrie, jusqu’à l’entrée sans heurts des rebelles dans la capitale Damas ce dimanche 8 décembre, suscitant la joie des habitants. Treize ans après le début d’une révolution réprimée dans le sang, la coalition de factions armées a annoncé la chute du « tyran » Bachar al-Assad et sa fuite à l’étranger, ainsi que la « libération de tous les prisonniers injustement (détenus) dans les prisons du régime ». Derrière ce succès aussi rapide qu’historique, le groupe islamiste Hayat Tahrir al-Cham (HTS).

En Syrie, jihadistes et rebelles contrôlent « la majeure partie » d’Alep après une offensive d’ampleur

Hayat Tahrir al-Cham est considéré comme le successeur du Front al-Nosra, l’ancienne branche syrienne d’Al-Qaïda. En français, son nom signifie « Organisation de libération du Levant ». Créé en 2017, ce groupe islamiste s’est formé à partir de la fusion de plusieurs factions rebelles.

Bien qu’il ait officiellement coupé ses liens avec Al-Qaïda, HTS reste marqué par une idéologie radicale. « Elle est considérée comme une organisation terroriste syrienne relativement localisée, qui conserve une idéologie djihadiste », explique le Centre d’études stratégiques et internationales (CSIS), un centre de recherche américain. L’organisation figure également sur la liste des groupes terroristes de l’ONU et des États-Unis, souligne The Guardian.

PUBLICITÉ

En outre, HTS est dirigé par Abou Mohammad al-Joulani, un ancien membre de la branche syrienne d’Al-Qaïda. Né en 1971 en Syrie, ce dernier a fait ses armes dans les rangs d’Al-Qaïda en Irak avant de revenir en Syrie en 2011, où il est rapidement devenu une figure majeure de l’insurrection contre le régime de Bachar al-Assad. Après avoir dirigé Jabhat al-Nosra, il a pris la tête de HTS lors de sa formation en 2017.

Plusieurs milliers de combattants armés

S’il est difficile d’estimer le nombre de combattants que compte l’organisation, on sait qu’ils sont de l’ordre en plusieurs milliers. En 2018, l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH) dénombrait ainsi 30 000 hommes. De son côté, le Centre d’études stratégiques et internationales évoque une fourchette de 10 000 à 20 000 combattants.

« Ce sont des combattants bien entraînés et hautement équipés, formés à la tactique, qui possèdent des drones », explique dans les colonnes de Libération Ayman Abdel Nour, ancien conseiller d’Al-Assad passé à l’opposition et exilé aux États-Unis. « La Turquie les a soutenus pour qu’ils opèrent dans les meilleures conditions possibles. Une académie militaire a même été établie pour la première fois en ce sens dans le nord-ouest de la Syrie », ajoute-t-il.

La province d’Idleb comme bastion

Avant cette attaque, le HTS contrôlait déjà une grande partie de la région d’Idleb, dans le nord de la Syrie, devenu son bastion, ainsi que des secteurs des provinces d’Alep, de Hama et de Lattaquié. « Ces dernières années, le HTS a mis en place un gouvernement semi-technocratique à Idleb, le Gouvernement Syrien du Salut (SSG). Celui-ci est doté d’une force de police formée, de services, d’aide humanitaire, de programmes de santé… », décrit sur X Charles Lister, expert au Middle East Institute.

PUBLICITÉ

« Le SSG travaille directement avec l’ONU pour le déploiement de l’aide humanitaire pour plus de 2 millions de personnes déplacées », précise-t-il.

Le nord-ouest de la Syrie bénéficiait ces dernières années d’un calme précaire rendu possible par un cessez-le-feu instauré après une offensive du régime en mars 2020, et parrainé par Moscou et Ankara. L’offensive des rebelles coordonnée par le HTS a été lancée le jour où un cessez-le-feu est entré en vigueur entre le Hezbollah et Israël, en guerre ouverte pendant plus de deux mois.

À voir également sur Le HuffPost :

Au Liban, après le cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah, ces habitants peuvent enfin rentrer chez eux

Attaque contre un canal au Kosovo : la Serbie accusé, alimentation cruciale en eau... ce que l’on sait