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Syrie: Catastrophe humanitaire à Douma, dit le conseil municipal

La ville syrienne de Douma est confrontée à une catastrophe humanitaire sans précédent en raison de l'afflux de milliers de personnes fuyant la progression des forces gouvernementales et les bombardements incessants dans le reste de la Ghouta orientale, a dit lundi son conseil municipal. /Photo d'archives/REUTERS/Bassam Khabieh

AMMAN/BEYROUTH (Reuters) - La ville syrienne de Douma est confrontée à une catastrophe humanitaire sans précédent en raison de l'afflux de milliers de personnes fuyant la progression des forces gouvernementales et les bombardements incessants dans le reste de la Ghouta orientale, a dit lundi son conseil municipal.

Plus d'un millier de civils ont été tués en trois semaines d'offensive des forces du président syrien Bachar al Assad visant à reprendre, avec l'appui de l'aviation russe, le contrôle du dernier bastion rebelle près de Damas, selon les bilans avancés par l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) et Médecins sans Frontières (MSF). Des dizaines de milliers d'autres ont fui leurs maisons.

L'armée syrienne a repris environ la moitié de ce territoire en partie agricole situé à l'est de la capitale depuis le début de l'opération terrestre et ont entièrement isolé Douma, la principale ville, du reste de l'enclave.

"Après plus de 20 jours d'une campagne barbare (...) la situation humanitaire et alimentaire a atteint un niveau catastrophique", dit le conseil municipal de Douma dans un communiqué.

Des milliers de familles s'entassent dans les rues et les jardins publics de la ville faute de place dans les sous-sols et les abris antiaériens déjà surchargés, ajoute le conseil tenu par l'opposition.

Selon un homme réfugié dans un abri fortement endommagé, la situation des civils est intenable.

"(L'abri) est inhabitable. Même des poulets n'y seraient pas en sécurité. Il n'y a pas de salle de bain, un seul WC et plus de 300 personnes s'y entassent", a-t-il dit en insistant pour rester anonyme par crainte de représailles si l'armée reprend la ville.

Dans son communiqué, le conseil municipal de Douma indique que les corps de 70 victimes des bombardements ont été inhumés dans un jardin public du centre-ville, le cimetière situé en périphérie n'étant plus accessible en raison des raids aériens.

511.000 MORTS EN SEPT ANS

Selon des habitants interrogés par Reuters, des dizaines de personnes sont ensevelies sous les décombres de leurs immeubles, certaines encore en vie. Mais les secours ne peuvent plus leur venir en aide à cause des bombardements.

La plupart des infrastructures médicales ont aussi été ciblées par les avions syriens et russes.

Face à cette situation désespérée, l'OSDH rapporte que des centaines de personnes ont manifesté lundi dans une autre ville de la Ghouta, Kafr Bana, pour demander aux rebelles de conclure un accord avec le gouvernement pour mettre fin aux combats. Des inconnus ont tiré sur les manifestants et une personne a été tuée, précise l'Observatoire.

Reuters n'a pas pu joindre pour le moment le porte-parole du groupe rebelle Failak al Rahmane, affilié à l'Armée syrienne libre (ASL), implanté à Kafr Bana.

L'autre grand groupe insurgé de la Ghouta, Djaïch al Islam, a dit lundi avoir conclu un accord avec la Russie pour évacuer les blessés de l'enclave, grâce à une médiation des Nations unies.

Ni Moscou, ni Damas n'ont pour le moment confirmé l'existence d'un tel accord.

Une porte-parole onusienne a indiqué pour sa part que les Nations unies n'étaient pas partie prenante d'un tel accord, tout en appelant à l'évacuation urgente de plus de 1.000 blessés et malades.

Selon les médias officiels syriens, les bombardements aériens se poursuivaient lundi et visaient particulièrement les villes de Harasta et Irbine.

Alors que la chute de la Ghouta orientale semble proche, l'OSDH a avancé lundi un bilan de 511.000 morts depuis le début du conflit en Syrie il y a sept ans, dont 85% sont imputables selon lui aux forces gouvernementales syriennes et à leurs alliés.

L'OSDH, qui suit l'évolution du conflit grâce à un réseau d'informateurs sur le terrain, précise disposer de l'identité de plus de 350.000 victimes. Pour les autres, l'organisation proche de l'opposition dit avoir documenté leur décès sans connaître leur nom.

(Journaliste de Reuters dans la Ghouta orientale, avec Suleiman al Khalidi à Amman, Angus McDowall et Ellen Francis à Beyrouth; Tangi Salaün pour le service français)