Syrie: après la prise d'Alep, les rebelles et jihadistes progressent vers la ville stratégique d'Hama

En Syrie, la coalition composée de jihadistes et de rebelles continue son offensive fulgurante. Après avoir mis la main sur la grande ville d'Alep, les opposants à Bachar Al-Assad progressent vers le sud, direction Hama, la quatrième ville du pays.

Les rebelles sont arrivés ce mardi 3 décembre "aux portes" de cette ville stratégique du centre du pays située entre Alep et la capitale Damas, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).

"Nous progressons vers Hama après avoir nettoyé" les localités qui y mènent, a affirmé un combattant rebelle, se présentant comme Abou al-Hadwa al-Sourani.

Une "contre-offensive"

Ce mercredi, l'armée syrienne, qui n'avait pas opposé de résistance significative à Alep, a lancé "une contre-offensive" pour repousser de Hama cette coalition dominée par le groupe islamiste radical Hayat Tahrir al-Sham (HTS), l'ex-branche syrienne d'Al-Qaïda.

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Les forces de Bachar Al-Assad, appuyées par l'aviation russe, faisaient état la veille de "combats féroces". Des nuages de fumée noire se sont élevés de la ville de Souran, à une vingtaine de kilomètres au nord de Hama, pendant que des combattants rebelles, brandissant leurs armes, patrouillaient à bord de pick-up.

À Halfaya, une localité voisine, des rebelles tiraient au lance-roquettes. D'autres, à mobylette, faisaient le V de la victoire en passant près des chars abandonnés par l'armée syrienne.

Des dizaines de milliers de déplacés

Les premières victimes de ces combats sont les civils. Les affrontements - les premiers de cette ampleur depuis 2020 - ont fait 602 morts en une semaine, dont 104 civils, selon l'OSDH. L'ONU a fait état de la destruction d'établissements de santé, d'écoles et de marchés. Selon le NRC, le réseau de distribution d'eau a été endommagé.

"Je ne peux décrire (...) la terreur que nous avons ressentie", a témoigné Hussein Ahmad Khodr, un enseignant depuis Idleb.

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À Alep, où patrouillaient des rebelles armés, des habitants faisaient la queue pour recevoir du pain distribué par une association, alors que selon le Norwegian Refugee Council (NRC), les boulangeries et commerces d'alimentation sont fermés. Les hôpitaux d'Alep, dont moins de huit continuent à fonctionner, sont débordés, a affirmé l'Organisation mondiale de la santé.

Joint au téléphone par l'AFP, Nazih Yristian, 60 ans, s'est cloîtré chez lui avec sa femme, dans le quartier arménien. "Personne ne nous a attaqués jusqu'à présent, mais nous voulons partir jusqu'à ce que les choses se calment", a expliqué cet homme selon qui la sortie de la ville a été coupée.

Ces combats ont de fait déclenché une importante vague de déplacements. Les civils sont contraints de fuir, entassés dans des camions et des remorques. En date de samedi 30 novembre, plus de 48.500 personnes avaient été déplacées dans les régions d'Alep et celle, voisine, d'Idleb, dont plus de la moitié d'enfants, selon le bureau des Affaires humanitaires de l'ONU (Ocha).

"Nous avons passé les trois derniers jours sur la route pour venir ici. Assis au bord de la route, sans lait pour les enfants, sans pain, sans rien du tout, la peur au ventre", a déclaré un père de famille, à bord de sa voiture, ses enfants à ses côtés.

Russie, Iran et Turquie en "contact étroit" pour stabiliser la situation

Le président russe Vladimir Poutine, dont le pays est avec l'Iran le principal allié de Damas, a déclaré ce mardi qu'il souhaitait une fin "rapide" de l'offensive rebelle, lors d'une conversation téléphonique avec son homologue turc Recep Tayyip Erdogan, soutien quant à lui des rebelles de l'Armée nationale syrienne.

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L'Iran s'est de son côté dit prêt à "étudier" tout envoi de troupes en Syrie si ce pays en faisait la demande. La porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, a assuré ce mercredi rester en "contact étroit" avec l'Iran et la Turquie pour stabiliser la situation.

Les États-Unis, à la tête d'une coalition internationale antijihadistes en Syrie, ont exhorté lundi "tous les pays" à oeuvrer pour une "désescalade", de même que l'Union européenne qui a "condamné" les frappes russes "sur des zones densément peuplées".

Article original publié sur BFMTV.com