Syrie : après la chute de Bachar al-Assad, Israël bombarde massivement des installations militaires

L’armée israélienne a effectué des centaines de raids aériens en Syrie et a lancé une incursion au Golan, à la lisière du territoire qu’elle occupe depuis 1967. Photo d’un exercice militaire israélien dans le Golan en 2023.
JALAA MAREY / AFP L’armée israélienne a effectué des centaines de raids aériens en Syrie et a lancé une incursion au Golan, à la lisière du territoire qu’elle occupe depuis 1967. Photo d’un exercice militaire israélien dans le Golan en 2023.

SYRIE - Pas moins de 250 raids aériens. Alors que le nouvel homme fort du pays, Ahmed al-Chareh, à la tête des groupes rebelles islamistes qui ont libéré le pays, négocie la transition du pouvoir à Damas avec les derniers membres du parti Baas de Bachar al- Assad, Israël a mené de nombreux bombardements en Syrie. L’État hébreu « a détruit les principaux sites militaires en Syrie », a affirmé ce mardi 10 décembre l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH).

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Selon cette organisation, qui s’appuie sur un vaste réseau de sources à travers la Syrie, Israël a entre autres bombardé des aéroports, des radars, des dépôts d’armes et de munitions et des centres de recherche militaires dans plusieurs régions, dont celle de Damas. En attaquant une unité de défense aérienne près du grand port de Lattaquié, dans le nord-ouest du pays, des navires de la marine syrienne ont aussi été endommagés par l’armée israélienne.

Des journalistes de l’AFP ont entendu de fortes explosions mardi à l’aube, et des images en direct de l’AFPTV ont montré d’épaisses colonnes de fumée au-dessus du centre-ville. Dans la nuit de lundi à mardi, la défense civile syrienne a dit avoir éteint l’incendie qui s’est déclaré dans un centre de recherches près de Damas après un bombardement, affirmant n’avoir observé aucune « fumée toxique inhabituelle » et aucun cas de suffocation, contrairement à des rumeurs qui se sont propagées sur les réseaux sociaux.

Empêcher les rebelles d’accéder aux armes

Ces raids visent « la destruction des armes restantes dans les entrepôts et les unités militaires qui étaient contrôlés par les forces de l’ancien régime », allié de l’Iran et du Hezbollah libanais, a estimé l’OSDH dans un communiqué.

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L’ONU a réagi ce mardi en demandant l’arrêt des frappes israéliennes en Syrie. « Il est très inquiétant de constater des frappes et des mouvements israéliens sur le territoire syrien. Cela doit cesser. C’est extrêmement important », a déclaré l’émissaire spécial de l’ONU pour la Syrie, Geir Pedersen, lors d’une conférence de presse à Genève.

L’armée israélienne n’a pas fait de commentaire dans l’immédiat. Lundi 9 décembre, Israël avait tout de même confirmé avoir détruit au cours des derniers jours des « armes chimiques » en Syrie pour éviter qu’elles ne tombent aux mains des rebelles.

D’après le chef de la diplomatie israélienne, Gideon Saar, les groupes rebelles menés par Hayat Tahrir al-Sham (HTS) qui ont participé à la chute du régime, sont animés par « une idéologie extrême de l’islam radical ». « C’est pourquoi nous avons attaqué des systèmes d’armes stratégiques comme par exemple des restes d’armes chimiques ou des missiles et roquettes à longue portée, afin qu’elles ne tombent pas aux mains d’extrémistes », a justifié le ministre.

Nouvelle incursion au Golan syrien

Les troupes israéliennes ont également avancé au sein de la zone tampon du Golan syrien, un territoire sous contrôle de l’ONU séparant la Syrie d’Israël et censé être démilitarisé en vertu d’un accord de 1974. Une action qui constitue « une violation » de l’accord de désengagement de 1974, a déclaré lundi le porte-parole de l’ONU.

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Cette incursion israélienne a provoqué de vives réactions de la part des autres puissances régionales. Cette action militaire « confirme la violation continue par Israël des règles du droit international et sa détermination à saboter les chances de la Syrie de restaurer sa sécurité, sa stabilité et son intégrité territoriale », a estimé le ministère saoudien des Affaires étrangères dans un communiqué ce mardi.

« Cette agression est une violation flagrante de la Charte des Nations unies », a de son côté fustigé le porte-parole de la diplomatie iranienne, Esmaïl Baghaï, dans un communiqué publié lundi soir. Le Hezbollah libanais a lui aussi reproché à Israël « d’occuper davantage de territoires sur le plateau du Golan » et de « frapper et détruire les capacités défensives de l’État syrien ». « Nous soutenons la Syrie et son peuple, et soulignons la nécessité de préserver l’unité de ce pays », a conclu la milice libanaise.

Israël a déjà conquis une partie de ce plateau montagneux sur la Syrie en 1967. « Aujourd’hui, tout le monde comprend l’importance capitale de notre présence sur le Golan, et non au pied du Golan », a déclaré Benjamin Netanyahu lors d’une conférence de presse à Jérusalem lundi. « Le Golan fera partie de l’État d’Israël pour l’éternité », a-t-il insisté.

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