Raids aériens en Syrie, du chlore utilisé selon les médecins

BEYROUTH (Reuters) - Des frappes aériennes sur la Ghouta orientale et la région d'Idlib, les deux grands bastions tenus par les rebelles syriens, ont fait au moins 29 morts et provoqué des troubles respiratoires chez au moins neuf personnes après l'utilisation de gaz chimiques, ont annoncé lundi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) et des organisations médicales.

Les bombardements sur la Ghouta orientale ont touché les localités de Zamalka, Arbaïne, Hazza et Beitou Soua, et fait au moins 29 morts, précise l'OSDH, une ONG basée à Londres qui tient la chronique quotidienne de la guerre en Syrie grâce à un réseau d'observateurs sur le terrain.

Par ailleurs, une femme a été tuée et trois personnes ont été blessées par des tirs d'artillerie dans la capitale tenue par le gouvernement, rapporte l'agence de presse Sana.

La vieille ville de Damas est proche de l'enclave rebelle dont fait partie la Ghouta orientale.

La Ghouta orientale est assiégée depuis des années par l'armée du président Bachar al Assad, appuyée par l'aviation militaire russe et les milices chiites. Au nord-ouest du pays, l'armée syrienne et ses alliés tentent de reprendre le contrôle d'Idlib.

Dimanche, l'aviation russe a intensifié ses frappes sur des secteurs tenus par les rebelles dans la province d'Idlib, où un avion russe avait été abattu la veille.

Au moins neuf personnes souffrent de troubles respiratoires après des attaques à l'arme chimique dans la région, ont affirmé lundi des secouristes et des médecins.

Des médecins de la Société médicale syro-américaine (SAMS), une fondation caritative qui vient en aide aux hôpitaux syriens, ont rapporté que 11 patients présentaient "des symptômes qui indiquent l'utilisation de chlore", a dit sur Twitter le directeur de la représentation du SAMS, Mohamed Katoub.

Un membre des personnels de la défense civile, les casques blancs, a expliqué à Reuters que trois des neuf personnes qui souffrent de "blessures liées à une suffocation" sont des secouristes venus sur les lieux pour aider les victimes.

Deux tonneaux contenant des gaz chimiques ont été lancés depuis des hélicoptères dimanche soir, a ajouté Radi Saad.

"ACTE ODIEUX"

Selon plusieurs organisations, dont le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) et les casques blancs, plusieurs centres de soins dans le nord-ouest du pays ont été touchés par les frappes aériennes.

"Avec la majorité des hôpitaux fermés dans ces zones, ces dernières attaques vont priver des dizaines de milliers de personnes de soins vitaux", a déclaré via twitter le CICR.

Le gouvernement syrien a nié à de nombreuses reprises avoir recours à des armes chimiques depuis le début de la guerre civile qui entre dans sa huitième année.

L'OSDH a affirmé que plusieurs cas de suffocation ont été répertoriés après une attaque menée par des hélicoptères dimanche à Sarakeb.

Des secouristes et des organisations médicales ont aussi accusé le gouvernement syrien d'avoir utilisé du chlore contre la Ghouta orientale à au moins trois reprises le mois dernier, dont la dernière en date jeudi dernier.

La Syrie a officiellement renoncé à son arsenal chimique en 2013, sous la pression d'une intervention militaire des Occidentaux. Les enquêteurs de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) et de l'Onu ont cependant établi que le régime de Bachar al Assad a eu recours à des attaques au gaz sarin et au chlore à plusieurs reprises.

Selon de hauts responsables de l'administration américaine, le gouvernement syrien pourrait être en train de développer de nouvelles armes chimiques.

Le gouvernement allemand a demandé lundi qu'une enquête approfondie soit menée après ces nouvelles accusations d'utilisation d'armes chimiques par la Syrie.

"S'il était confirmé que le gouvernement syrien a une nouvelle fois utilisé des armes chimiques, cela serait un acte odieux et une violation flagrante de ses obligations morales et légales d'éviter tout recours aux armes chimiques", a déclaré un représentant du ministère allemand des Affaires Etrangères.

(Angus McDowell et Lisa Barrington à Beyrhout, Daren Butler et Tulay Karadeniz en Turquie, Andrea Shalal à Berlin et Stephanie Nebehay à Genève ; Danielle Rouquié et Jean Terzian pour le service français)