Les syndicats agricoles majoritaires appellent à de nouvelles manifestations dès le 15 novembre

Avec des récoltes particulièrement mauvaises et la menace d’un accord inquiétant entre l’UE et le Mercosur, la colère des agriculteurs est loin de s’être éteinte.

Si un nouvel appel à la mobilisation s’annonce pour la mi-novembre, plusieurs actions d’agriculteurs ont déjà eu lieu, comme ici, devant la préfecture de l’Ariège.
MATTHIEU RONDEL / AFP Si un nouvel appel à la mobilisation s’annonce pour la mi-novembre, plusieurs actions d’agriculteurs ont déjà eu lieu, comme ici, devant la préfecture de l’Ariège.

AGRICULTURE - La colère agricole plane de nouveau sur l’Hexagone. Car moins d’un an après l’importante fronde du secteur pour faire entendre ses revendications au gouvernement, les syndicats majoritaires de la profession appellent ce mardi 22 octobre à une nouvelle mobilisation d’ampleur nationale dès la mi-novembre.

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Un appel qui intervient sur fond de négociations autour d’un accord de libre-échange UE-Mercosur et de mobilisations déjà en cours dans plusieurs départements, expliquent les syndicats.

Déjà à la manœuvre l’hiver dernier, l’alliance syndicale agricole majoritaire formée par la FNSEA et les Jeunes Agriculteurs appelle son « réseau » à « une reprise des actions à partir du 15 novembre », ont déclaré les présidents de ces organisations dans l’édition de mardi de Ouest-France. Une déclaration préliminaire qui doit être suivie ce mardi par une conférence de presse dans les locaux parisiens de la FNSEA pour évoquer « l’impact de ces mobilisations à l’échelle nationale ».

Dans Ouest-France, le président de la FNSEA Arnaud Rousseau a qualifié de « ligne écarlate » la possibilité d’un accord commercial entre la Commission européenne et le Mercosur (Argentine, Brésil, Uruguay, Paraguay et Bolivie) qui pourrait être sur la table du sommet du G20 qui débute le 18 novembre à Rio.

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Un point de non-retour pour les agriculteurs français car « l’accord ouvrirait la porte à 99 000 tonnes de viandes bovines, à 180 000 tonnes de viandes de volaille, à l’équivalent de 3,4 millions de tonnes de maïs, à 180 000 tonnes de sucre », avait listé dès le 18 octobre un communiqué commun des associations spécialisées en bovins, betteraves, lait, maïs et aviculture.

Le communiqué invitait ainsi le président Emmanuel Macron et son Premier ministre Michel Barnier à « mettre définitivement fin » aux discussions sur cet accord. Afin d’éviter qu’il se fasse « au détriment de notre souveraineté alimentaire, de nos économies et de la santé du consommateur ». Pour justifier leur demande, les associations concernées pointaient du doigt une « absence de réciprocité concernant les conditions de production » de part et d’autre de l’océan Atlantique.

Si des blocages exceptionnels avaient eu lieu dans toute la France en début d’année, la situation pourrait cette fois être plus explosive qu’il y a un an. En cause ? Des récoltes particulièrement inquiétantes en raison des mauvaises conditions météo. La France a d’ailleurs connu sa pire récolte de blé en 40 ans, sans compter les pertes considérables dans les vignobles, le regain d’épidémies animales, et les semis de blé d’hiver qui pourraient être menacés si les sols restent gorgés d’eau trop longtemps.

Dans ce contexte, les syndicats lancent depuis plusieurs semaines déjà des « avertissements », se disant prêts à revenir dans la rue, tout en se défendant de pousser à la surenchère alors que se profilent leurs élections professionnelles fin janvier. Ces scrutins détermineront leurs poids respectifs au sein des chambres d’agriculture, aujourd’hui largement dominées par la FNSEA.

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Mais des actions d’agriculteurs ont d’ores et déjà été constatées ces derniers jours en Occitanie, d’où était parti le mouvement de contestation l’hiver dernier. Les opérations à l’aide de panneaux d’agglomérations ont d’ailleurs repris. Avec une action symbolique menée devant la préfecture de l’Ariège, où des panneaux de signalisation ont été déposés au pied du bâtiment. Une action similaire a également été signalée devant la préfecture de la Vienne à Poitiers, comme le rapporte France Bleu. Le week-end dernier, une soixantaine d’agriculteurs ont aussi déversé de la laine de mouton, des bottes de foin et de la paille devant plusieurs bâtiments de l’État à Auch, dans le Gers. Signe que la colère et l’envie de se faire entendre sont toujours présentes.

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