Syndicaliste voilée de l'Unef: "estomaquée", Royal aurait elle aussi quitté l'Assemblée nationale

Ségolène Royal invitée de BFMTV vendredi 18 septembre 2020 - BFMTV
Ségolène Royal invitée de BFMTV vendredi 18 septembre 2020 - BFMTV

Face à la présence d'une syndicaliste voilée, Ségolène Royal aurait-elle quitté l'Assemblée nationale? "Je crois, oui", répond la présidente de Désir d'avenir, invitée ce vendredi matin de Jean-Jacques Bourdin sur RMC-BFMTV.

Cette question intervient alors que des députés LR et une élue LaREM ont quitté jeudi une audition à l'Assemblée sur le Covid-19 et la jeunesse, pour protester contre la présence d'une syndicaliste étudiante voilée, la vice-présidente de l'Unef Maryam Pougetoux. Si le port de signes religieux est interdit dans l'administration française, il n'en est rien pour les personnes auditionnées dans ce haut lieu de la démocratie française.

Un fait que nuance notre invitée: "Ce n'est pas clair. Disons que Le règlement de l'Assemblée nationale n'a pas prévu ce cas, parce que c'était imprévisible." Ce qui étonne le plus cette membre historique du Parti socialiste, c'est "pourquoi est-ce qu'elle (la syndicaliste voilée, NDLR) a pu entrer sans que l'alerte ne soit donnée, sans qu'il y ait une discussion avec elle?".

Une provocation?

Pour celle qui fut ministre à plusieurs reprises, la présence de Maryam Pougetoux relève ici du "militantisme".

"Elle a le droit de porter le voile, elle a le droit d'être militante du voile", ajoute-t-elle, avant de développer les raisons pour lesquelles elle aurait quitté la salle afin de "marquer le coup".

"Quand j'ai vu ces images, j'ai été estomaquée", relate celle qui était encore ambassadrice des pôles jusqu'en janvier dernier. "Il faut du respect mutuel, des uns et des autres" poursuit notre invitée, pour qui la présence d'un hijab à l'Assemblée nationale relève également de la provocation. "Elle sait qu'elle (la syndicaliste de l'Unef, NDLR) provoque, elle a le droit de provoquer, heureusement qu'on peut être provocateurs dans notre société, mais en face il y a des limites, il y a la règle."

"Le militantisme reste à la porte"

Mais pourquoi faire un rappel du règlement, quand celui-ci ne stipule en rien l'interdiction d'un tel signe religieux? "C'est parce que le règlement n'a pas pu prévoir ce cas-là", justifie l'ancienne ministre de la Transition écologique, qui propose désormais qu'il soit indiqué qu'on "rentre dans les commissions d'enquête la tête découverte" afin de ne pas cibler "spécifiquement" une religion.

Si l'avis de Ségolène Royal est très tranché sur cette question, elle estime par ailleurs qu'il ne "faut pas en faire trop":

"Le militantisme reste à la porte des commissions parlementaires, il y a aucune raison d'en faire un drame, il faut de la fermeté". Elle préconise ainsi de "rappeler les règles de la laïcité, sans en faire des tonnes".

"Les règles religieuses ne doivent jamais l'emporter sur les règles civiles, les règles publiques, les règles de la République" martèle la socialiste. Avant de conclure: "Plus on sera fermes sur ce sujet-là, moins il y aura de polémiques."

Maryam Pougetoux, alors âgée de 19 ans, avait été au coeur d'une polémique en 2018 lorsque plusieurs personnalités politiques, dont Marlène Schiappa, alors secrétaire d'État à l'Égalité femmes-hommes, avaient critiqué l'Unef, syndicat étudiant de gauche, pour avoir désigné une étudiante voilée comme porte-parole.

Article original publié sur BFMTV.com