Sylvie Le Bon : « Simone de Beauvoir se voulait absolument radicale »

Simone de Beauvoir, 1983, à Paris. 
Simone de Beauvoir, 1983, à Paris.

Ce sont deux petites filles d'une dizaine d'années qui se vouvoient et s'aiment passionnément. Quand Simone de Beauvoir, encore enfant, rencontre Élisabeth Lacoin, dite Zaza, cette dernière prend aussitôt une place capitale dans sa vie. Toutes deux élèves dans un cours catholique, elles ne se quittent plus. Mais en 1929, Zaza meurt à l'aube de la vingtaine. D'une encéphalite virale, diagnostiquent les médecins. Mais aussi, pense la romancière, désespérée, d'avoir été broyée par son milieu catholique, bourgeois et conservateur, où il était impensable qu'une fille existe pour elle-même. Hantée par cette mort, Simone de Beauvoir l'explora dans un bref roman resté inédit jusqu'à aujourd'hui, Les Inséparables (éditions de L'Herne). Elle y transposait sa relation avec la lumineuse Zaza (devenue Andrée, tandis que Simone se réinvente sous le prénom de Sylvie) et leurs chemins parallèles vers l'émancipation, jusqu'au dénouement, brutal et tragique. Les explications de Sylvie Le Bon de Beauvoir, fille adoptive et spécialiste de l'écrivaine.

Le Point : Nous connaissons la relation entre Simone de Beauvoir et Zaza grâce, notamment, aux Mémoires d'une jeune fille rangée et aux Cahiers de jeunesse (Gallimard). En quoi cet inédit complète-t-il le tableau ?

Sylvie Le Bon de Beauvoir : Cela rappelle, sous une nouvelle perspective, à quel point la relation avec Zaza a été fondamentale pour Simone de Beauvoir. La tragédie de sa mort la hantait. Il fallait qu'elle s'en libère [...] Lire la suite