Surveillance renforcée contre les djihadistes en mer de Sulu

SINGAPOUR (Reuters) - L'Indonésie, la Malaisie et les Philippines vont renforcer leur coopération, à l'aide notamment de drones et d'avions-espions, pour suivre les déplacements des militants islamistes dans la région, où l'on craint que l'Etat islamique ne cherche à s'implanter. La décision a été annoncée dimanche par des responsables de la défense réunis à Singapour pour le dialogue Shangri-La, un forum annuel sur la sécurité régionale regroupant les Etats membres de l'Asean (Association des Nations du Sud-Est asiatique). Les trois pays ont annoncé qu'ils lanceraient dans une quinzaine de jours des patrouilles aériennes conjointes dans les zones frontalières de la mer de Sulu, qui s'ajouteront aux patrouilles maritimes déjà existantes. "Nos frontières ouvertes sont exploitées par les groupes terroristes pour faire transiter personnel et matériel", a déploré Le Luong Minh, le secrétaire général de l'Asean. L'attaque par des islamistes de la ville de Marawi, dans le sud des Philippines à la fin mai, a alarmé les pays de la région. Les autorités indonésiennes et malaisiennes, deux pays à majorité musulmane, estiment que plusieurs milliers de leurs citoyens sont des sympathisants de l'Etat islamique et que plusieurs centaines sont partis rejoindre le théâtre de guerre syrien dans les rangs du groupe extrémiste sunnite. Ces derniers mois, des dizaines de combattants venus d'Indonésie et de Malaisie ont rejoint l'île de Mindanao, dans le sud de l'archipel des Philippines, selon les services de renseignement, en traversant la mer de Sulu, depuis longtemps livrée aux hors-la-loi et aux pirates. Mindanao est la seule région des Philippines, pays majoritairement catholique, où les musulmans sont fortement représentés. "Si nous ne faisons rien, ils s'implanteront dans la région", a déclare le ministre malaisien de la Défense, Hishammuddin Hussein, à propos des djihadistes. "Nous pensons que les éléments impliqués dans la bataille de Marawi pourraient chercher à s'échapper par le sud des Philippines et se diriger vers les eaux malaisiennes ou indonésiennes", a déclare le chef de la police antiterroriste malaisienne, Ayob Khan Mydin Pitchay. "Plus l'Etat islamique perd du terrain dans ses bastions du Proche-Orient, plus il s'efforce de développer ses franchises à l'étranger aussi énergiquement que possible", explique Nigel Inkster, de l'Institut international d'études stratégiques de Londres. "C'est ce qu'on observe dans le sud des Philippines mais d'autres pays du Sud-Est asiatique, comme l'Indonésie, sont également menacés." (Kanupriya Kapoor, Fathin Ungku; Jean-Stéphane Brosse pour le service français)