Surtourisme : Athènes, Bali, Rome… Comment ces destinations se protègent des touristes
Alors que Venise est récemment devenue la première ville à imposer un droit d’entrée face au surtourisme, d’autres villes touristiques tentent de trouver des solutions pour réduire l’afflux de visiteurs.
Des habitants excédés qui bloquent un passage piéton pour bloquer les touristes dans le nord-ouest de l’Espagne, des Barcelonais agacés qui tirent sur des personnes attablées avec des pistolets à eau et des milliers d’Andalous qui manifestent à Malaga et Cadix : cet été encore, les hordes de touristes ont provoqué l’ire des locaux obligés de composer avec ces encombrants visiteurs dès que les beaux jours reviennent.
En première ligne de la fronde anti-touristes, l’Espagne n’est bien sûr pas le seul pays concerné. D'Athènes à Séoul en passant par Dubrovnik et Bali, certains petit coins de paradis sont devenus au fil du temps des destinations trop surchargées. Pour faire face à cette situation, la résistance s'organise.
Athènes s’attaque à Airbnb
Barcelone, Amsterdam, Londres, Florence… De nombreuses villes du Vieux continent sont déjà parties en guerre contre la prolifération des meublées touristiques de type Airbnb. Après une saison estivale bien remplie, Athènes rejoint cette liste. Dans les quartiers les plus prisés de la capitale grecque, des banderoles hostiles à Airbnb s’affichent. En début de semaine, le gouvernement grec a annoncé suspendre pour au moins un an les nouvelles locations dans trois quartiers du centre d’Athènes, rapporte Reuters.
Par ailleurs, la taxe quotidienne sur les locations type Airbnb passera de 1,5 à 8 euros d’avril à octobre et de 0,5 à 2 euros pendant la basse saison touristique. D’autres mesures vont aussi être prises pour encourager les propriétaires à opter pour des locations longues face à la crise du logement qui oblige de nombreux habitants à s’éloigner de la capitale en raison des prix trop élevés.
Bali appuie sur pause… pour 10 ans
Pour protéger ses terres agricoles, ses rizières et ses espaces naturels, les autorités indonésiennes instaurent un moratoire, qui pourrait s’étendre pendant dix ans, sur la construction d’hôtels, de villas et de boîtes de nuit dans les endroits les plus fréquentés de l’île. "Le moratoire fait partie de la tentative du gouvernement de réformer le tourisme à Bali, l'une des principales attractions de l'Indonésie, pour tenter d'améliorer la qualité et l'emploi tout en préservant la culture indigène de l’île", précise Reuters.
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Déjà en 2023 face à l’afflux des visiteurs après la crise du Covid, la plus célèbre île indonésienne avait imposé une taxe de 10 dollars (environ 9 euros) à tous les touristes étrangers se rendant sur son territoire. "Les destinations bon marché attirent des touristes au faible budget qui ont tendance à causer beaucoup de problèmes", déclarait en mai 2023 le directeur de l'office de tourisme de Bali, Ida Bagus Agung Partha Adnyana. Visiblement, cette taxe n’a pas eu l’effet escompté.
À Santorin, une participation de 20 € sera demandée
En 2023, 3,4 millions de visiteurs ont fait rouler leurs valises dans les ruelles étroites de l'île la plus célèbre des Cyclades et de Grèce. Réputée pour la magie de ses couchers de soleil, cette destination est aussi très prisée des influenceurs - surtout des influenceuses - en quête de la photo parfaite. Pour se protéger et limiter les embouteillages de bateaux de croisière qui déversent chaque jour des milliers de passagers, le Premier ministre grec a annoncé le dimanche 8 septembre qu’une participation de 20 euros allait être exigée pendant la haute saison pour chaque personne accostant sur les îles de Santorin et Mykonos. Les croisières sur les îles les plus populaires du pays seront aussi limitées dès l’année prochaine.
Rome songe à faire payer la fontaine de Trevi
Afin de limiter l'afflux de touristes sur son site, Rome prévoit de mettre en place un système de réservation pour accéder à la célèbre fontaine de Trevi. Rien n’est encore acté mais l’idée fait son chemin dans la capitale italienne. Des créneaux de réservation et un tarif symbolique de 2 euros pour entrer dans la zone sont envisagés. "Personnellement, je serais favorable à l'étude d'une nouvelle forme d'accès, limitée et chronométrée, à la fontaine de Trevi", a confirmé Alessandro Onorato, conseiller municipal de Rome chargé du tourisme, au journal italien Corriere della Sera. Pas certain que ces mesures suffisent à réguler l'afflux de visiteurs.
Dubrovnik veut sauvegarder son âme
Le charme de Dubrovnik n’en finit plus d’opérer et plus encore depuis le succès de la série Game of Thrones au début des années 2010. L’été, la vieille-ville se transforme en parc d’attractions au point de remporter le titre peu enviable de la ville européenne la plus encombrée en 2024. Alors que seuls 1200 habitants vivent à l’année dans la cité croate, la municipalité a pris la décision de limiter les locations saisonnières type Airbnb depuis avril dernier. La ville souhaite aussi acheter plusieurs immeubles et appartements afin de les proposer en location à l’année à ses habitants.
Au Japon, une bâche pour obstruer la vue du mont Fuji
L’Asie n’est pas en reste non plus. En mai dernier, la ville japonaise Fujikawaguchiko a pris une décision radicale : installer une bâche noire pour masquer une vue du mont Fuji prisée pour décourager les gens de venir sur place. Après avoir réussi à dissuader les touristes indisciplinés de venir, la bâche anti-touristes a été retirée le 15 août dernier, à titre d’essai. "Il y a encore des gens qui viennent à cet endroit. Mais nous ne voyons plus beaucoup de gens se précipiter soudainement dans la circulation pour traverser la route", a reconnu un responsable de la ville à l’AFP. Pour combien de temps ?
Un couvre-feu contre les touristes à Hanok
Vu d’Europe, le "village" historique de Bukchon Hanok, au centre de Séoul, la capitale de la Corée du Sud, n’est pas la destination la plus connue. Prisé pour ses maisons traditionnelles coréennes pittoresques et bien préservées, le quartier attire des milliers de visiteurs chaque jour. Pour apaiser la colère des habitants, les autorités sud-coréennes vont imposer un couvre-feu strict aux touristes à partir d’octobre de 10h à 17h. Les bus et cars de tourisme vont progressivement être interdits de circulation dans la zone.