En Suisse, cette « capsule d’assistance au suicide » fait débat mais pourrait être utilisée très bientôt
Appelée « Sarco », la capsule libère de l’azote et provoque la mort de la personne en seulement quelques minutes.
FIN DE VIE - Elle pourrait être utilisée dès la fin de l’année. En Suisse, une capsule d’assistance au suicide permettant de s’ôter soi-même la vie sans l’aide d’un médecin, pourrait « très bientôt » être mise à disposition selon The Last Resort, association à l’origine du dispositif. C’est une première dans le pays, où le suicide médicalement assisté est légal depuis 1942. Mais l’introduction de cette capsule soulève de vives réactions.
Appelée « Sarco » pour sarcophage, cette capsule se présente sous la forme d’une mini-cabine dans laquelle doit s’allonger la personne qui souhaite mettre fin à ses jours. Un examen psychiatrique pour prouver que la personne est en pleine possession de ses moyens sera nécessaire au préalable. Celle-ci devra ensuite actionner elle-même le bouton, après avoir répondu à une série de questions pour confirmer qu’elle comprend ce qu’elle fait et libérer de l’azote dans la capsule.
« Après deux ou trois respirations, elle perdra conscience et mourra quelques minutes plus tard », a décrit Mme Stewart.
Un dispositif controversé
Les autorités du Valais, canton au sud de la Suisse, où un premier suicide utilisant le dispositif avait été envisagé selon la NZZ am Sonntag, se sont opposées à cette technologie. Elles ont demandé une « mesure provisionnelle préventive dans un but de santé publique », en attendant d’obtenir des renseignements supplémentaires, a expliqué sur les ondes de la RTS Cédric Dessimoz, le médecin cantonal adjoint du Valais.
Car la capsule développée par Philip Nitschke, ancien médecin australien connu pour ses positions controversées sur le suicide et la fin de vie, est loin de faire l’unanimité.
« C’est totalement surréaliste », a réagi auprès de l’AFP Jean-Jacques Bise, le coprésident d’Exit, un des organismes suisses qui fournit une assistance médicalisée au suicide.
Le risque, selui lui ? Que cette capsule bouleverse le cadre légal dans lequel opèrent les organismes qui fournissent une aide médicalisée pour mourir « dans la dignité ».
« S’il y a des dérapages, les politiciens envisageront de faire une législation qui sera certainement beaucoup plus stricte », estime-t-il. « Si un jour, on vient à aider des gens à mettre fin à leur jour uniquement sur leur autodétermination, il faudra que ce soit une décision prise démocratiquement », ajoute-t-il.
Un premier suicide « très bientôt »
Créée il y a quelques mois, l’association The Last Resort n’a pas souhaité dire exactement « où », « quand », ni « qui » l’utilisera pour la première fois, précisant toutefois lors d’une conférence de presse à Zurich qu’il est envisageable que le premier décès dans cette capsule intervienne d’ici la fin de l’année.
« C’est tout ce nous pouvons dire », a déclaré Dr Fiona Stewart, sociologue spécialisée dans les questions de santé publique, et membre consultative du conseil d’administration de l’association, car « nous ne voulons vraiment pas que le désir d’une personne de s’éteindre paisiblement en Suisse tourne au cirque médiatique », a-t-elle affirmé. Elle précise tout de même que ce premier suicide devrait avoir lieu dans un « endroit isolé », « face à la beauté de la nature ».
En France, le projet de loi sur la fin de vie a été mis en pause par la dissolution décidée par Emmanuel Macron le 9 juin dernier. Le texte établissait notamment les cinq conditions essentielles pour accéder à l’aide à mourir.
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