Suicide de Nicolas à Poissy : la lettre envoyée par le lycée est « inadmissible », reconnaît l’ex-rectrice de Versailles

L’entrée du lycée Adrienne Bolland, où Nicolas était harcelé.
JULIEN DE ROSA / AFP L’entrée du lycée Adrienne Bolland, où Nicolas était harcelé.

HARCÈLEMENT SCOLAIRE - C’est sa première prise de parole depuis le drame. L’ex-rectrice de Versailles, Charline Avenel, a affirmé qu’elle n’avait « pas eu connaissance » du courrier polémique envoyé par le rectorat aux parents de Nicolas, 15 ans, qui s’est suicidé à la rentrée après avoir subi un harcèlement, a-t-elle déclaré dans un entretien publié samedi 23 septembre par Le Parisien.

« Je regrette de ne pas avoir eu connaissance de ces courriers et de ne pas avoir pu m’assurer qu’on tienne compte de la détresse des familles », a déclaré l’ancienne rectrice dans les colonnes du quotidien francilien. Elle était à l’époque « en congés », ainsi que son adjoint, mais assure que « cela n’a rien à voir » avec cette absence d’information.

Dans cette missive envoyée le 18 avril dernier, cinq mois avant la mort du lycéen, le rectorat remet en cause les dires de l’adolescent en évoquant un « supposé harcèlement ». Il menace aussi les parents en citant l’article du Code pénal qui punit les dénonciations calomnieuses. La révélation du contenu de la lettre a provoqué un choc.

L’ex-rectrice présente « des excuses aux parents de Nicolas » en son nom et au nom de l’institution qu’elle dirigeait au moment des faits, qualifiant aussi ce courrier d’« inadmissible ». « J’ai été bouleversée en apprenant le décès de cet élève. Lorsque j’ai découvert il y a une semaine, dans la presse, l’existence de ce courrier, j’étais effondrée », déclare-t-elle.

Des lettres envoyées « en nombre »

Contactée par l’AFP, Charline Avenel a indiqué ne pas souhaiter s’exprimer davantage sur cette affaire « dans l’immédiat ».

Dans l’entretien, elle explique ne pas avoir non plus su qu’une lettre du même acabit avait également été envoyée à une famille ayant signalé une agression sexuelle en début d’année sur leur fillette par un animateur périscolaire à Andrésy, dans les Yvelines.

« J’ai validé le principe de courriers adressés aux familles qui menacent les enseignants », des lettres appelées « comminatoires » auxquelles le personnel de l’Éducation nationale peut avoir accès pour rappeler des dispositions légales. La lettre envoyée aux parents de Nicolas l’a été après des menaces de dépôt de plainte contre le chef de l’établissement.

« Mais jamais pour des correspondances avec des familles dont les enfants sont victimes de harcèlement. Je découvre que ces lettres de réprobation ont été envoyées, et je le crains en nombre, sans discernement à des familles en détresse », a-t-elle reconnu.

Courrier de la « honte »

Elle a indiqué à ce stade ne pas pouvoir dire si ces envois relèvent « d’une erreur humaine ou d’un problème systémique qui dépasse l’académie de Versailles ».

Les réponses de l’administration aux familles de Nicolas et de la fillette qui accuse un animateur de violences sexuelles ont suscité de vives réactions au sein du gouvernement, qui a qualifié de « honte » le premier courrier révélé et « condamné fermement » le second.

Le ministre de l’Éducation a annoncé le lancement d’un audit sur la gestion des cas de harcèlement de septembre 2022 à septembre 2023 dans chaque académie. Gabriel Attal « se rendra dès lundi matin au rectorat de Versailles pour faire le point avec le nouveau recteur », nommé mi-juillet, a annoncé la rue de Grenelle.

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