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Suicide de Lucas, 13 ans : le message de sa mère aux victimes de harcèlement et d’homophobie

La mère du jeune garçon homosexuel et victime de harcèlement qui a mis fin à ses jours début janvier a pris la parole pour la première fois dans les colonnes de « Vosges Matin ».

FAITS-DIVERS - Surmonter la peine et témoigner. C’est ce qu’a fait Séverine, la mère de Lucas, ce collégien victime d’homophobie qui s’est pendu voilà trois semaines à Golbey dans les Vosges, pour passer un message d’espoir et appeler les cibles de harcèlement à « parler ». « Il faut être libre. Il faut s’aimer soi-même. Il faut vivre », revendique-t-elle dans un entretien publié dans Vosges Matin ce samedi 28 janvier.

Mise en retrait de son activité professionnelle pour se consacrer à ses deux enfants, coupée des informations et des réseaux sociaux, Séverine est « triste, vidée », mais elle « tient le coup, pour Lucas ». « Ressentez-vous de la colère aussi ? », demande le journaliste Olivier Jobar. « Oui. Il y a de la colère. Et cette colère sera toujours présente parce que cela a été soudain, incompréhensible. Il y a aussi de la colère par rapport à beaucoup de choses qui ont été dites », répond la mère endeuillée, qui avait fait au moins « deux ou trois » signalements au collège de son fils avant qu’il ne se suicide.

Dans les colonnes de Vosges Matin, elle appelle les victimes de harcèlement et d’homophobie à ne pas se murer dans le silence : « Parlez-en ! N’ayez pas peur, à qui que ce soit, parlez-en ! Il faut se libérer. Ne pas le prendre comme une faute. Qu’ils vivent comme ils l’entendent. Qu’ils vivent comme bon leur semble. Il y a une oreille attentive, toujours quelqu’un qui peut aider, la famille, les amis, un psychologue, la police… Il ne faut pas craindre les représailles ».

« Montrer aux harceleurs la portée de leurs actes »

Si elle ne souhaite pas « interférer dans l’enquête » en cours pour déterminer les raisons exactes du suicide de Lucas, Séverine attend de la « justice » qu’elle fasse « son travail ». Si elle indique avoir identifié les « protagonistes », il n’est pas question de « vengeance », assure-t-elle. Elle souhaiterait « les auteurs [de harcèlement] reconnaissent leurs torts et surtout que quelque chose soit réalisé afin qu’ils ne recommencent plus ».

« On aimerait les faire intervenir éventuellement dans des actions que nous pourrions mener afin qu’ils fassent leur mea culpa, explique-t-elle. Montrer aux harceleurs la portée de leurs actes et leur faire comprendre les peines qui sont encourues, tout ce qu’ils risquent en tant que harceleurs, tout ce qui est risqué en tant que harcelé. » Un message qu’elle portera dimanche 29 janvier, lors d’une marche blanche organisée à Épinal.

Quatre élèves du collège Louis-Armand de Golbey, où était scolarisé Lucas, vont être jugés pour harcèlement scolaire ayant entraîné le suicide, selon un communiqué du parquet d’Épinal publié vendredi 27 janvier. Ces étudiants, « deux filles et deux garçons âgés de 13 ans » ont « admis avoir proféré à plusieurs reprises des moqueries à l’encontre de leur camarade », selon le procureur Frédéric Nahon. Les proches de Lucas estiment qu’il s’est suicidé après avoir été harcelé en raison de son homosexualité.

Le magistrat a également annoncé l’ouverture d’une « enquête incidente contre X pour non-dénonciation de mauvais traitements sur mineurs ». Les investigations se poursuivent sur ce point.

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