Suez s'engage à choyer ses actionnaires pour contrer Veolia

SUEZ S'ENGAGE À CHOYER SES ACTIONNAIRES POUR CONTRER VEOLIA

par Benjamin Mallet

PARIS (Reuters) - Suez s'est engagé mardi à doubler la valeur de son titre pour ses actionnaires d'ici à 2022, à travers notamment un dividende exceptionnel ou des rachats d'actions, lors d'une série d'annonces en forme de plaidoyer en faveur de l'indépendance du groupe face au projet de rachat porté par Veolia.

Le spécialiste de l'eau et des déchets a précisé dans un communiqué que ses nouvelles ambitions reposaient sur une accélération de son plan stratégique, avec un total de 4 milliards d'euros de cessions d'actifs visé dès début 2021 - au lieu de 3 à 4 milliards à fin 2023 précédemment - et 1,2 milliard d'économies annuelles à l'horizon 2023, contre un milliard annoncés à l'automne 2019.

Suez indique aussi que le retour à ses actionnaires pourrait atteindre au moins deux milliards d'euros d'ici à fin 2022, dont un milliard environ au titre du dividende ordinaire - à 0,65 euro par action en 2021 et 0,70 euro en 2022 - auquel s'ajoutera au moins un milliard de dividende exceptionnel ou de rachats d'actions "dès que possible et au plus tard au premier semestre 2021".

En complément, un milliard d'euros "pourrait venir renforcer les investissements dans la croissance organique et inorganique, en fonction des opportunités et en accord avec notre stricte discipline financière, ou faire l'objet d'une distribution extraordinaire".

Suez vise en outre un chiffre d'affaires supérieur à 16 milliards d'euros en 2021 et à 17 milliards en 2022 (contre 18 milliards en 2019), un résultat d'exploitation (Ebit) d'environ 1,35 à 1,50 milliard en 2021 et 1,7 milliard en 2022 (contre 1,4 milliard en 2019) et un résultat net récurrent par action compris entre 0,75 et 0,80 euro en 2021 et de 0,90 à 1,0 euro en 2022.

Le groupe, qui a aussi confirmé ses prévisions 2020 annoncées fin juillet, prévoit des investissements de croissance d'au moins 4,5 milliards d'euros de juin 2020 à décembre 2022, avec un renforcement dans ses métiers prioritaires et à forte croissance via "des opérations de croissance externe sélectives", pour près de 1,5 milliard.

SUEZ VEUT S'ADRESSER À "TOUS SES ACTIONNAIRES"

Il estime afficher désormais un "profil de croissance renforcé" à l'horizon 2022, avec notamment une rentabilité en hausse (progression de la marge d'Ebitda de 100 à 300 points de base), une nette amélioration de son retour sur capitaux employés (entre 6,5% et 7% en 2022 contre 4,9% en 2019) et une génération de flux de trésorerie récurrente supérieure à 500 millions d'euros par an.

Suez s'engage en outre à "amplifier" son actionnariat salarié sur les deux prochaines années.

Réitérant qu'il considérait l'approche de Veolia comme "hostile", le directeur général de Suez Bertrand Camus a estimé lors d'une conférence téléphonique que le groupe devait s'adresser à "tous ses actionnaires" afin qu'ils disposent d'un "même niveau d'information" et bénéficient d'un "traitement équitable".

L'addition de la croissance de l'Ebitda de Suez, des dividendes ordinaires et des dividendes exceptionnels ou des rachats d'actions envisagés représente "entre 12 et 13 euros par action de valeur supplémentaire pour les actionnaires d'ici 2022", a de son côté précisé le directeur financier Julian Waldron, le directeur financier.

Lundi soir, l'action Suez a clôturé sur un cours de 14,835 euros. Il était stable mardi dans les premiers échanges.

Veolia a proposé fin août de racheter l'essentiel de la participation d'Engie dans Suez (29,9% sur un total de 32%) pour 15,50 euros par action, soit un montant de 2,9 milliards d'euros, avant de lancer une offre sur le reste du capital de son concurrent afin de créer un champion français du traitement de l'eau et des déchets.

Le conseil d'administration d'Engie a mandaté jeudi son président Jean-Pierre Clamadieu pour obtenir de Veolia une offre de rachat améliorée tandis que Suez, qui s'oppose depuis le départ au projet de son rival, n'a de son côté pas été en mesure de proposer une alternative pour le moment.

(Avec Nicolas Delame, édité par Bertrand Boucey)