Suez veut doper sa rentabilité en France et en Espagne

par Benjamin Mallet

PARIS (Reuters) - Suez a annoncé jeudi le lancement d'un plan d'actions pour améliorer sa rentabilité, en particulier en Espagne et en France, après avoir vu ses résultats 2017 pénalisés par des dépenses exceptionnelles en fin d'année.

Le numéro deux mondial de la gestion de l'eau et des déchets a également fait savoir dans un communiqué qu'il confirmait ses objectifs pour 2018, annoncés en janvier lors de la révision à la baisse de son objectif de résultat d'exploitation (Ebit) pour 2017, liée à la crise espagnole et à deux contrats de services, au Maroc et en Inde.

Le plan de Suez vise à "accroître (sa) dynamique de croissance et (sa) profitabilité" et inclut une "accélération de la transformation et de la réduction des coûts", en particulier en Espagne et en France, pays dans lequel Suez veut augmenter les synergies entre ses métiers de l'eau, de recyclage et de valorisation.

Toujours en France, où il emploie plus de 30.000 personnes et réalise près de 5,4 milliards d'euros de chiffre d'affaires, le groupe identifie des "réserves de croissance et de rentabilité" qui passeront par une "simplification des structures et une mutualisation des moyens et des équipes", a déclaré son directeur général, Jean-Louis Chaussade, lors d'une conférence téléphonique.

"Il y aura des suppressions de postes", a-t-il précisé, ajoutant que les projets de Suez dans le pays devraient être définis d'ici trois à six mois et qu'ils incluraient des départs naturels et des mesures de mobilité, après un plan de départs volontaires portant sur 550 postes lancé l'an dernier.

Le groupe, dont Engie détient environ 32% du capital, souhaite en outre maintenir cette année la rentabilité de ses activités espagnoles au même niveau qu'en 2017.

Globalement, Suez veut porter son programme d'économies "Compass" à 200 millions d'euros en 2018 (après 150 millions en 2017) et le maintenir à ce niveau en 2019 et 2020.

"A l'international, des moyens supplémentaires seront mis en oeuvre pour accélérer notre développement", a également indiqué Jean-Louis Chaussade.

DEBON VA DIRIGER LA FRANCE, L'ITALIE ET L'EUROPE CENTRALE

Pour appliquer son plan, Suez a nommé Marie-Ange Debon, directrice générale adjointe en charge de la division internationale, à la tête de la France, de l'Italie et de l'Europe centrale.

Dans le même temps, Bertrand Camus est nommé directeur général adjoint en charge des zones Afrique, Moyen Orient, Inde, Asie et Pacifique, et Angel Simon prend la direction de l'Espagne et des zones Amérique du Nord & Amérique Latine, le groupe visant une croissance annuelle de 4 à 6% en moyenne hors d'Europe sur les trois à quatre prochaines années.

Jean-Marc Boursier redevient pour sa part directeur général adjoint en charge des finances - en plus des activités de Recyclage et de Valorisation en Europe du nord -, remplaçant ainsi Christophe Cros, nommé président de la nouvelle unité Water Technologies & Solutions (WT&S) formée avec GE Water.

Suez vise toujours pour l'année en cours, à changes constants, une croissance de ses ventes de 9% environ, un Ebit en progression de 10%, un free cash-flow de 1 milliard d'euros environ et un dividende supérieur ou égal à celui de 0,65 euro par action proposé pour 2017 (stable).

Il veut aussi se rapprocher d'un ratio de dette financière nette sur Ebitda proche de 3 fois à fin 2018, contre 3,2 fois à fin 2017.

Jean-Louis Chaussade a aussi indiqué que l'intégration de GE Water se déroulait conformément aux objectifs de Suez, avec 13 millions d'euros de synergies déjà réalisées - à comparer avec un objectif de 95 millions sur cinq ans - et 830 millions de dollars de projets potentiels.

Il a également souligné que Suez avait engrangé pour 1,2 milliard d'euros de contrats depuis le début de 2018, un niveau "sans précédent" à ce stade de l'année.

Le groupe a enregistré au titre de 2017 un résultat net part du groupe de 302 millions d'euros (-28%), un Ebit de 1.284 millions (+0,2% en variation brute, +0,6% à changes constants), un Ebitda de 2.641 millions (-0,4% en brute, stable à changes constants) et un chiffre d'affaires de 15.871 millions (+3,6% en brute, +1,5% en organique).

Suez a en outre confié son plan de succession à son comité des nominations et de la gouvernance, présidé par Anne Lauvergeon, alors que le président du conseil Gérard Mestrallet et Jean-Louis Chaussade atteindront la limite d'âge statutaire en 2019.

Avant ces annonces, l'action Suez accusait une baisse de 22,8% depuis le début de l'année, sous-performant le n°1 mondial du secteur Veolia (-6,1%) et l'indice regroupant les "utilities" européennes (-7,3%).

(Edité par Marc Joanny)