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Les états-majors de Suez et Veolia se sont rencontrés sans succès

LES ÉTATS-MAJORS DE SUEZ ET VEOLIA SE SONT RENCONTRÉS SANS SUCCÈS

PARIS (Reuters) - Vingt-quatre heures à peine avant l'expiration de l'offre de Veolia sur la quasi-totalité des actions Suez détenues par Engie, les états-majors des deux rivaux se sont rencontrés mardi sans parvenir à engager des discussions.

Le président de Suez, Philippe Varin, et son directeur général Bertrand Camus ont rencontré dans la soirée le PDG de Veolia, Antoine Frérot.

La rencontre, révélée par Suez et confirmée par Veolia - qui a cependant indiqué qu'"en accord avec toutes les parties", elle "devait rester confidentielle" -, n'a pas permis d'ouvrir de discussions alors que l'offre du groupe d'Antoine Frérot arrive à expiration ce mercredi.

Ce 30 septembre correspond à la date limite de validité fixée fin août par Veolia pour son offre de rachat de l'essentiel de la participation d'Engie dans le capital de son rival Suez (29,9% sur un total de 32%) à un prix de 15,50 euros par action, avant une offre, dans un deuxième temps, sur le reste du capital de son concurrent.

Veolia entend former un nouveau poids lourd du traitement de l'eau et des déchets. Suez juge son offre hostile.

Face aux hésitations d'Engie, Veolia a annoncé qu'il relèverait son offre, mais n'a pas encore fourni de précisions à ce sujet.

DIALOGUE IMPOSSIBLE

Dans leurs communiqués, les deux rivaux s'attribuent la responsabilité de l'échec de cette réunion de la dernière chance.

"Devant le refus de Veolia de décaler l’échéance du 30 septembre et de faire une offre à tous les actionnaires de Suez, il n'a pas été possible de débuter les discussions", déplore Suez dans son communiqué.

Le groupe de service aux collectivités réclame "en conditions préalables au dialogue entre les deux groupes" et "afin d’assurer l’égalité de traitement de ses actionnaires" la suspension de l'offre faite à Engie et le dépôt d’une offre publique par Veolia ouverte à "100% des actionnaires".

"Si ces préalables venaient à être levés, des discussions pourraient débuter, sans précipitation, afin d’évoquer les grandes incertitudes du projet de rapprochement évoqué par Veolia ainsi que la protection des salariés", ajoute Suez.

Du côté de Veolia, on note qu'Antoine Frérot a fait à ses interlocuteurs "des propositions précises démontrant la volonté d'amicalité de Veolia. Le groupe dévoilera ces propositions ultérieurement"

Et Veolia d'ajouter: "Philippe Varin et Bertrand Camus n'avaient malheureusement aucune proposition à avancer, si ce n'est la demande répétée d'un délai, sans toutefois pouvoir, à aucun moment, en justifier les motifs et les raisons."

BRUNO LE MAIRE: "ON N'EST PAS À UNE SEMAINE, QUINZE JOURS OU TROIS SEMAINES PRÈS"

La rencontre de mardi soir s'est déroulée "sous l’égide du ministère de l'Economie et des Finances" (dixit Suez), "à la demande de Bruno Le Maire" (dixit Veolia). L'Etat détient une part du capital d'Engie et Bruno Le Maire a affirmé à de multiples reprises ces derniers jours que l'Etat ne se laisserait "pas dicter son calendrier".

"L'Etat ne cédera à aucune pression ni à aucune précipitation", a redit le ministre de l'Economie mardi matin sur France Inter. "Si on nous met le couteau sous la gorge en nous disant 'écoutez, c'est demain, pas de discussion, il faut se précipiter'... Enfin, on n'est pas à une semaine, quinze jours ou trois semaines près."

Engie considère pour sa part que le projet de rachat de Suez porté par Veolia est "solide" sur le plan industriel et prévoit de se prononcer ce mercredi sur la première étape de cette opération, soit le sort de la majeure partie de ses actions Suez, a déclaré le président du conseil d'administration d'Engie, Jean-Pierre Clamadieu, mardi lors d'une audition à l'Assemblée nationale. Il a précisé qu'il n'avait pas encore connaissance du nouveau prix que s'apprête à proposer Veolia.

Mardi soir à la Bourse de Paris, l'action Suez a clôturé en hausse de 1,84% à 14,92 euros.

(Benjamin Mallet; édité par Henri-Pierre André)