Publicité

Sucre et obésité : comment Coca-Cola a soudoyé des scientifiques

Sucre et obésité : comment Coca-Cola a soudoyé des scientifiques

Des universitaires ont évalué dans quelle mesure Coca-Cola avait tenté d’influencer les scientifiques concernant l’impact de ses boissons sur la santé.

Une canette de coca-cola contient 35 grammes de sucre, soit sept carrés. Une quantité déjà au-dessus des 25 grammes recommandés par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). Des chiffres embarrassants pour l’entreprise. Alors, pour rassurer les consommateurs, Coca-Cola ne recule devant rien ni même le mensonge. C’est en tout cas la version rendue publique par des universitaires en ce début du mois d’août. Comme le raconte CNews ce jeudi 6 août, l’entreprise aurait payé des chercheurs afin qu’ils minimisent l’impact des boissons sucrées sur la santé et pointent surtout le manque d’activité physique comme cause d’obésité.

Pour parvenir à ces conclusions, publiées dans le Public Health Nutrition, des scientifiques de l’université d’Oxford et de Bocconi à Milan ont détaillé 18 000 pages d’échanges de mails entre des membres de Coca-Cola et des universitaires de Virginie et du Colorado. Un choix loin d’être anodin : “Ces deux établissements faisaient partie du Global Energy Balance Network (GEBN), une organisation à but non-lucratif fondée en 2014, qui avait comme but de mener des études sur les causes de l’obésité aux Etats-Unis”, explique Cnews. Selon les auteurs de cette étude, ce groupe a été imaginé par l’entreprise pour minimiser les liens entre l'obésité et les boissons sucrées.

Une manoeuvre discrète

Dans le détail, la société de boissons gazeuses a fait don de millions de dollars à une équipe de chercheurs prétendant se pencher sur les causes de la prise de poids excessive aux États-Unis. Mais, Coca-Cola a décidé de faire pencher les résultats en sa faveur. En effet, l’entreprise aurait demandé que le manque d’exercice physique des Américains soit mis en avant comme la principale cause de l’obésité à la place d’une consommation excessive de sucre. Afin que cette implication ne se fasse pas remarquer, la société avait pensé à tout. Par exemple, dans une chaîne de courrier électronique, les chercheurs ont tenté de gonfler le nombre de partenaires et de donateurs afin qu'il ne semble pas que Coca-Cola soit le principal donateur.

La société a financé directement GEBN, au moins à hauteur d’1,5 million de dollars d'ici 2015, et a distribué des millions de dollars à des universitaires affiliés à GEBN pour mener d’autres recherches. “Coca-Cola a utilisé des universitaires de santé publique afin de mettre en place des tactiques classiques utilisées par l’industrie du tabac afin de protéger ses profits”, a déclaré Gary Ruskin, directeur exécutif de US Right to Know. Et d’ajouter : “C'est un avertissement dans l'histoire de la santé publique et un avertissement sur les dangers d'accepter le financement des entreprises pour le travail de santé publique”.