"Le stress monte d'un cran": après l'enlèvement de son directeur, la centrale de Zaporijia reste au cœur des préoccupations

"Le stress monte d'un cran": après l'enlèvement de son directeur, la centrale de Zaporijia reste au cœur des préoccupations

Enlevé par l'armée russe vendredi après-midi, le directeur de la centrale nucléaire de Zaporijia, est toujours introuvable. Une disparition qui n'est pas sans conséquences, puisqu'en tant que patron, Igor Mourachov est le responsable de la sécurité du lieu. Et si les réacteurs ont été mis à l'arrêt par précaution, le personnel se retrouve soumis à une forte pression.

"C'est la tête (de la centrale, ndlr) qui tombe", résume Emmanuelle Galichet, enseignante-chercheuse en physique nucléaire au CNAM.

"Il y a des directions internes qui prennent le relais. La sûreté nucléaire n'est pas en danger, mais le stress monte d'un cran, et ce n'est pas bien du tout pour la sûreté de la centrale", poursuit-elle.

"Une pression énorme" sur les employés de la centrale

"Perdre leur directeur pose question sur leur état d'esprit et leur capacité à prendre des décisions dans l'immédiat. (...) Depuis presque sept mois, les opérateurs sont mis sous une pression énorme, et ça ne fait qu'aggraver la situation psychologique", complète Ludovic Dupin, directeur de l'information de la Société française d'énergie, sur BFMTV.

Malgré tout, Emmanuelle Galichet et Ludovic Dupin nuancent tous deux l'idée selon laquelle un stress intense de la part des opérateurs pourrait être fatal pour la gestion de la centrale.

En effet, en l'absence de réacteur allumé, les tâches qui leur incombent sont réduites à de la surveillance, explique l'enseignante: "La centrale n'était plus en activité, son refroidissement est assez facile à faire, donc le rôle des opérateurs, c'est une simple surveillance. On n'est plus sur un risque de rejet radioactif dans l'atmosphère."

Sept mois sous contrôle russe

Néanmoins, rappelle-t-elle, une reprise des combats dans le périmètre de la centrale de Zaporijia, sous contrôle russe depuis le 4 mars, présenterait des risques conséquents.

Comme tout objet industriel à risque, les centrales nucléaires sont protégées par la Convention de Genève: celle-ci stipule précisément qu'elles ne doivent donc pas être la cible d'attaques. "Tout objet industriel peut avoir un risque si vous le bombardez. On n'a pas à faire des combats sur ces objets", conclut Emmanuelle Galichet.

Envoyée pour une mission d'inspection au coeur de la centrale, l'Agence internationale de l'énergie atomatique rappelait il y a quelques jours l'extrême dangerosité de la situation aux abords du lieu, et appelait au retrait des forces russes.

Article original publié sur BFMTV.com