Strasbourg veut une Agence alimentaire plus transparente

Le Parlement européen entend rendre plus transparents les avis de l’Agence européenne de sécurité des aliments (AESA), contre l’avis du rapporteur du texte, la démocrate-chrétienne allemande Renate Sommer, qui s’en est désolidarisée mardi. /Photo d'archives/REUTERS/Eric Gaillard

STRASBOURG (Reuters) - Le Parlement européen entend rendre plus transparents les avis de l’Agence européenne de sécurité des aliments (AESA), contre l’avis du rapporteur du texte, la démocrate-chrétienne allemande Renate Sommer, qui s’en est désolidarisée mardi.

Le projet législatif, présenté en avril dernier par la Commission européenne, est une réponse à une initiative citoyenne ayant recueilli plus de 1,3 million de signatures pour demander l’interdiction du glyphosate, un herbicide jugé "probablement cancérigène" par le Centre international de recherche sur le cancer (Circ), une agence des Nations Unies, mais non par l’AESA.

Le texte prévoit un accès public aux informations relatives à l'évaluation des risques, crée un registre européen commun des études commandées en vue d’une mise sur le marché et donne à l’exécutif européen la possibilité de demander des études complémentaires.

Il prévoit également la publication de ces études avant l’octroi de l’autorisation, à l’exception de certains éléments pouvant relever du secret commercial.

La proposition de règlement a été adoptée par 427 voix contre 172 et 67 abstentions. Des négociations doivent maintenant s’ouvrir entre le Parlement et le Conseil européen en vue de son adoption définitive.

"Le résultat de ce vote est inacceptable pour nous, il établit des règles extrêmement dangereuses, sans étude d’impact", a estimé Renate Sommer, qui a demandé à son groupe, le Parti populaire européen (PPE), de voter contre une initiative "populiste" prise dans la perspective des prochaines élections européennes.

"La droite européenne a montré son vrai visage en privilégiant la protection des droits de propriété intellectuelle des grandes multinationales comme Bayer sur le principe de précaution", a réagi dans un communiqué le socialiste français Eric Andrieu, président de la commission sur la procédure d’autorisation des pesticides.

Si le PPE a massivement voté contre le texte, ses membres français, dont ceux du parti Les Républicains, se sont prononcés en sa faveur.

Le glyphosate, mis au point par l’entreprise américaine Monsanto avant son rachat par l’Allemand Bayer, est le principe actif du Round up, l’herbicide le plus vendu au monde.

La Commission européenne a renouvelé son autorisation pour cinq ans, en décembre 2017, à l’issue d’un vif débat entre les Etats membres.

(Gilbert Reilhac, édité par Yves Clarisse)