Steve Gunn, folk embardée

Longtemps sous les radars, le songwriter de Philadelphie pourrait enfin connaître le succès avec le lumineux «The Unseen in Between».

En 1977, le sculpteur du land art Walter Di Maria achève son monumental Lightning Field, vaste champ de 400 poteaux en acier inoxydable disposés dans une plaine désertique de Quemado, au Nouveau Mexique. Pour ce touche-à-tout proche de La Monte Young et du Velvet Underground, l’œuvre est censée attirer la foudre pour qui aura la patience d’attendre que les cieux aient la bonté de se déchaîner. Steve Gunn n’a jamais eu la chance d’assister au spectacle, mais il a baptisé Lightning Field l’une des neuf chansons de son nouvel album, le joliment titré The Unseen in Between, en référence à Di Maria. La musique de ce guitariste et songwriter originaire de Philadelphie, qui fut autrefois employé d’une galerie d’art, mérite elle aussi que l’on prenne le temps d’y voir surgir la lumière des éclairs, le grondement sourd du tonnerre et, assurément, les plus beaux arcs-en-ciel du paysage folk et rock contemporain.

Virtuose. Jusqu’ici, rien n’a vraiment imprimé, ni sa belle gueule un peu froissée, ni sa proximité avec les surexposés Kurt Vile ou War on Drugs, pas plus l’admiration que lui portent les vétérans de Sonic Youth ou sa relocalisation à Brooklyn, secteur ultrascruté par les faiseurs de pluie et de beau temps du milieu musical. Certes, le garçon a ses entrées aussi bien chez les classic-rockers du magazine britannique Mojo que dans les colonnes exigeantes de The Wire ou Pitchfork, mais la clameur populaire tarde à se soulever sur son passage. Gageons que le vent pourrait cette fois souffler dans la bonne direction avec The Unseen in Between, disque écrit au sortir d’une période de tumulte personnel - le décès de son père en 2016 - et qui se déleste d’un poids émotionnel avantageusement transformé en lévitation dès son ouverture, l’explicitement nommée New Moon. «Auparavant, j’étais un observateur, confirme Steve Gunn. Mes chansons étaient (...) Lire la suite sur Liberation.fr

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