Statues déboulonnées, cris de joie... Les Syriens célèbrent la chute de Bachar al-Assad à Damas

Des foules de Syriens ont célébré dimanche la chute de Bachar al-Assad, renversé par une offensive fulgurante de groupes rebelles menés par des islamistes radicaux jusqu'à Damas.

Dans le centre de la capitale, comme dans plusieurs autres villes, des manifestants ont renversé et piétiné des statues d'Hafez al-Assad, qui a dirigé la Syrie depuis 1971 jusqu'à sa mort en 2000, et de son fils Bachar. Une salle de réception du palais présidentiel a également été incendiée.

À deux kilomètres de là, des dizaines d'hommes, de femmes et d'enfants ont pénétré dans la résidence fastueuse du président déchu, qui venait d'être prise par les rebelles et pillée, a rapporté un journaliste de l'AFP.

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Dans l'après-midi, les rebelles ont imposé un couvre-feu dans la ville jusqu'à lundi à l'aube. Le chef des rebelles, Abou Mohammad al-Jolani de son nom de guerre, qui dirige le groupe islamiste radical Tahrir al-Sham (HTS), est arrivé à Damas où il s'est prosterné sur une pelouse. Avant de se rendre sur le site historique de la mosquée des Omeyyades.

"La Syrie est à nous, elle n'est pas à la famille Assad"

Sur la place des Omeyyades, les tirs d'armes à feu en signe de joie se mêlaient aux cris "d'Allah Akbar" ("Dieu est le plus grand").

"On attendait ce jour depuis longtemps", a déclaré Amer Batha, joint au téléphone par l'AFP depuis cette place. "Je n'arrive pas à croire que je suis en train de vivre cet instant", lâche ce Syrien qui fond en larmes : "C'est une nouvelle histoire qui commence pour la Syrie".

À la télévision publique, les rebelles ont annoncé la chute du "tyran" et dit avoir libéré tous les prisonniers "injustement détenus". L'effondrement presque instantané du régime ouvre une ère d'incertitude en Syrie, morcelée par la guerre civile qui a fait près d'un demi-million de morts depuis 2011 et livrée à des groupes soutenus par différentes puissances étrangères.

"Après 50 ans d'oppression et 13 années de crimes, de tyrannie et de déplacements, nous annonçons aujourd'hui la fin de cette ère sombre et le début d'une nouvelle ère pour la Syrie", ont déclaré les rebelles. "La Syrie est à nous, elle n'est pas à la famille Assad", scandaient des combattants qui sillonnaient les rues de Damas.

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De leur côté, les soldats de l'armée syrienne se débarrassaient à la hâte de leur uniforme, en sortant du siège de l'état-major sur la place des Omeyyades, ont raconté à l'AFP des habitants.

L'ambassade d'Iran saccagée

L'émissaire des Nations unies en Syrie, Geir Pedersen, a appelé à garder des "espoirs prudents" après la prise de Damas, qu'il a qualifiée de "moment décisif".

Tout en saluant la chute de Bachar al-Assad, plusieurs pays ont exhorté les Syriens à éviter le piège de l'extrémisme, comme l'Allemagne et la France qui a appelé "tous les Syriens à l'unité, à la réconciliation, et à rejeter toute forme d'extrémisme".

Face à l'offensive rebelle déclenchée le 27 novembre dans le nord-ouest de la Syrie, le soutien de Moscou s'est effrité, tout comme celui de l'Iran et du mouvement islamiste libanais Hezbollah, sortis affaiblis de la guerre au Liban, laissant le régime isolé.

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L'Iran, dont l'ambassade à Damas a été saccagée, a prévenu dimanche que sa politique était susceptible de changer en fonction "de l'évolution en Syrie et dans la région" et "du comportement des acteurs" sur le terrain.

Sur Facebook, le Premier ministre syrien, Mohamed al-Jalali, s'est dit prêt à coopérer avec tout nouveau "leadership" choisi par le peuple. Abou Mohammad al-Jolani a lui appelé ses combattants à ne pas s'approcher des institutions publiques, ajoutant que celles-ci restaient sous contrôle du Premier ministre jusqu'à la "passation officielle".

Article original publié sur BFMTV.com