Une statue géante de l’émir Abdelkader va dominer Oran

Sur décision du président Tebboune lui-même, les autorités algériennes vont consacrer une enveloppe de 1,2 milliard de dinars (près de 8 millions d’euros) pour ériger une statue géante de l’émir Abdelkader (1808-1883) et créer un musée en sa mémoire dans la grande ville d’Oran, “sur le mont Murdjadjo [ou Aïdour, qui culmine à 429 mètres d’altitude], où se trouve le fort de Santa Cruz”, rapporte le site d’information Tout sur l’Algérie.

“Avec une hauteur de 42 mètres, la statue sera plus haute que [le fort de] Santa Cruz et dépassera même la plus haute statue du monde qui domine la ville de Rio de Janeiro au Brésil qui a 39 mètres de hauteur [le Christ rédempteur, en haut du mont Corcovado]”, a déclaré fièrement le wali (préfet) d’Oran, Saïd Sayoud, lors d’un point de presse organisé le 24 mai et relayé par la chaîne de télévision Ennahar TV.

Certains titres de la presse algérienne notent toutefois que le Christ rédempteur n’est pas la plus haute statue du monde et que celle de l’émir ne parviendra pas à détrôner les 182 mètres de la Statue de l’Unité en Inde, ni un certain nombre d’autres statues à travers le monde qui dépassent nettement les 42 mètres de hauteur.

Figure emblématique ayant lutté pendant quinze ans contre l’occupation française, Abdelkader est présenté comme “le père de la nation algérienne” dans un podcast signé Radio-Canada. Fait émir (commandant des croyants), il est battu par la France en 1847 et emprisonné à Amboise pendant quatre années. Le monument en son honneur disposera d’un large balcon, et l’épée de l’émir brillera et pointera vers La Mecque.

Symbole ou sacrilège ?

Saluée par le chef d’état-major de l’armée, Saïd Chanegriha, qui a fait l’éloge de l’émir Abdelkader en tant que “symbole de la résistance populaire algérienne contre les forces de la colonisation et la tyrannie”, l’initiative ne fait pourtant pas l’unanimité chez les Algériens. Sur les réseaux sociaux, certains considèrent que la construction de statues est contraire à l’islam.

“On a eu la mosquée de Bouteflika avec le plus haut minaret du monde et on aura la plus haute statue du monde avec Tebboune. Pour les hôpitaux, les centres de recherche et autres infrastructures stratégiques, les Algériens attendront”, ironise de son côté le site d’information indépendant Le Matin d’Algérie. Une preuve de plus, selon le site d’information, que le régime continue d’“instrumentaliser la mémoire de la résistance algérienne”.

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