Starbucks : qui est Brian Niccol, le nouveau patron de la chaîne de cafés qui ira au travail en jet ?

Figure respectée dans le milieu de la restauration rapide, l’ancien patron de Chipotle Mexicain Grill a la lourde tâche de redresser une enseigne en perte de vitesse.

Brian Niccol le 3 février 2023 (Photo by Keyur Khamar/PGA TOUR via Getty Images)

Nommé le 13 août dernier en plein cœur de l’été, Brian Niccol prend officiellement les rênes de Starbucks ce lundi 9 septembre. Avec le dirigeant américain qui vient de fêter ses 50 ans, le géant mondial du café veut ouvrir une nouvelle ère. Ce choix n’a pas manqué d’alimenter les polémiques en raison du lieu d’habitation du nouveau chef d’entreprise. Brian Niccol vit à Newport Beach, une commune au sud de Los Angeles située à 1600 kilomètres de Seattle, lieu du siège social de Starbucks. Les conditions du contrat stipulent que le nouveau CEO n’est "pas obligé de déménager près du siège de la société", mais qu’il doit "accepter de faire la navette" chaque semaine.

Pour plus d’efficacité, le quinquagénaire pourra utiliser le jet mis à disposition par l’entreprise pour ses déplacements entre Newport Beach et Seattle, soit 3 heures d’avion. Un choix qui fait grincer des dents, surtout pour une entreprise qui met un point d’honneur à verdir son image en visant la réduction de moitié de son empreinte carbone à l’horizon 2030 et la multiplication de magasins plus verts dans le monde.

Il n’y a pas que le café qui est brûlant chez Starbucks en ce moment. Derrière la façade des gobelets en carton avec le nom écorché une fois sur deux, le géant mondial du café né en 1971 est confronté à une baisse de fréquentation qui plombe son chiffre d’affaires. Sur les trois premiers mois de l’année, les ventes "ont chuté de 4 % et la fréquentation de 6 %, avec des résultats catastrophiques en Chine, où la compétition est féroce, ainsi qu’aux Etats-Unis", décrit Le Monde. Accusée de soutenir Israël, l’enseigne subit aussi les contrecoups des appels au boycott sur les réseaux sociaux près d'un an après le début de la guerre à Gaza. L’entreprise a toujours nié une quelconque prise de position pro-israélienne : "Malgré les fausses déclarations diffusées sur les réseaux sociaux, nous n'avons aucun agenda politique. Nous n'utilisons pas nos bénéfices pour financer des opérations gouvernementales ou militaires, où que ce soit et nous ne l'avons jamais fait".

La nomination de Brian Niccol, armé face aux situations critiques, n’est pas un hasard. Sa feuille de route est simple : remettre Starbucks sur la voie du succès.

Le nouveau PDG arrive dans un contexte brûlant (Crédit : Getty Images)
Le nouveau PDG arrive dans un contexte brûlant (Crédit : Getty Images)

Pour redresser la barre, la chaîne américaine de salons de café n’a pas hésité à nommer un homme d’expérience rompu à l’industrie du fast-food. Le nouveau capitaine de Starbucks a remis sur les bons rails Chipotle, une enseigne de grill mexicain ébranlée par des scandales alimentaires, dès son arrivée en 2018. En pleine crise, le patron impose de nouveaux protocoles de sécurité, modernise le système de commande de la chaîne, introduit de nouveaux ingrédients et ouvre de nouveaux sites. Les résultats sont spectaculaires.

À LIRE AUSSI >> Une barista de Starbucks virée pour avoir préparé une boisson "Blue Lives Matter" avec de l’eau de javel

Sous sa direction, la chaîne de restauration rapide américaine, spécialisée dans la cuisine tex-mex, voit ses bénéfices "multipliés par sept" et les revenus "presque doubler" selon Starbucks, ravi d’avoir débauché ce patron au CV brillant. Le cours de l'action a aussi "augmenté de près de 800%" pendant sa présidence. Ces chiffres vertigineux ont en plus été obtenus en "augmentant les salaires" et en "élargissant les avantages sociaux" des salariés.

Pour arriver à ses fins chez Starbucks, Brian Niccol devra réitérer cet exploit et composer avec le syndicat Workers United pour élaborer une convention collective. "Les principaux sujets des discussions portent sur les salaires, les vacances, les horaires et le manque de personnel, les aspects sanitaires et sécuritaires ainsi que l'accès aux soins", relate BFMTV.

Avant de diriger Chipotle, ce diplômé en ingénierie n’a pas chômé et a occupé divers postes stratégiques dans des entreprises de restauration rapide. Il a notamment été PDG de Taco Bell et travaillé en tant que chef du marketing et de l’innovation. Le nouveau patron de Starbucks a également été membre de la direction de Pizza Hut, filiale du groupe Yum ! Brands, et passé une décennie chez le géant des biens de consommation Procter & Gamble (Pampers, Ariel, Gillette, Mr. Propre…) au début de sa carrière.

Adoubé par l'ancien patron emblématique de Starbucks, Howard Schultz, Brian Niccol succède à Laxman Narasimhan, coupable désigné des difficultés de la marque. D’après des chiffres révélés par le Financial Times, Brian Niccol pourrait devenir l’un des chefs d’entreprise les mieux rémunérés des États-Unis avec un salaire annuel de près de 113 millions de dollars. Preuve que Starbuck était prêt à tout pour le débaucher, son prédécesseur a empoché 28 millions de dollars en 2022. Soit quatre fois moins que Niccol.