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Star Trek Discovery : "Il a fallu attendre 50 ans pour montrer un couple LGBT dans Star Trek" [INTERVIEW]

AlloCiné : Que saviez sur la mythologie Star Trek avant de rejoindre la série ?
Anthony Rapp : Je regardais la série quand j'étais enfant, et je suis même allé voir les trois premiers films au cinéma à leur sortie. Et évidemment, j'ai vu de nombreux épisodes rediffusés à la télévision au fil des années. C'est ainsi que je me suis intéressé à Star Trek, et bien plus tard, j'ai vu les films de J.J. Abrams au cinéma. Star Trek est synonyme pour moi de Spock, du capitaine Kirk, de Khan… Mais je n'ai pas pu suivre les autres séries car à la fin des années 80 et durant les années 90, j'ai beaucoup travaillé et je ne regardais plus du tout la télévision. Donc, je n'ai pas vu La Nouvelle Génération, Deep Space Nine… C'est pourquoi quand j'ai décroché le rôle, je me suis replongé à fond dans l'univers Star Trek, et j'ai rattrapé toutes ces séries.

Wilson Cruz : Pour moi, c'est tout l'inverse ! Bien entendu, je connaissais Star Trek mais je n'ai commencé à regarder qu'à partir de La Nouvelle Génération, et c'est à partir de l'amour que j'éprouvais pour cette série que j'ai commencé à regarder les anciens épisodes quand ils étaient rediffusés. J'ai toujours eu envie d'apparaître dans Star Trek, car c'était probablement la seule chose à la télévision dans laquelle j'avais ma place, vous comprenez ? Il y avait des gens qui me ressemblaient, de la diversité au niveau du casting, et c'est d'ailleurs un sujet qui est ouvertement abordé dans la série. Cela m'a beaucoup inspiré à l'époque.

Anthony, que pouvez-vous nous dire sur votre personnage ?
AR : Mon personnage est partagé entre l'attitude qu'il adopte vis-à-vis des autres membres de l'équipage, et le côté plus sensible qu'il dévoile lorsqu'il est seul avec le personnage de Wilson.



Wilson, vous incarnez un docteur. Vous êtes vous inspiré des précédents médecins des différentes séries Star Trek ?
WC : Je ne peux pas m'empêcher de citer le docteur Beverly Crusher dans Star Trek La Nouvelle Génération car je l'aimais beaucoup. D'ailleurs, j'ai un ex qui est devenu médecin grâce à elle. C'est en la voyant dans la série qu'il a trouvé sa vocation. Et quand il a été annoncé que j'allais incarner un médecin dans Discovery, il m'a envoyé un message sur Facebook pour me dire de ne pas me louper, car mon rôle va peut-être donner l'envie à des enfants de devenir médecin. Sacrée pression ! (rires) Je pense qu'on peut dire que tous les médecins de Star Trek ont en commun d'être des personnages entiers et passionnés, mais aussi des gens brillants et intelligents. Ils ne se contentent pas de soigner les blessures de leurs patients, ils s'intéressent également à leur moral. Et c'est ce que j'ai essayé de reproduire. Le docteur Culber est le médecin que tout le monde rêverait d'avoir. C'est quelqu'un d'intelligent, de réconfortant, qui fait du bon boulot.

Avez-vous rencontré des difficultés à mémoriser tout ce jargon médical et scientifique ?
AR : Ce n'est pas du charabia, tout a un sens. Ce ne sont pas des mots inventés de toute pièce qui n'ont ni queue ni tête. C'est un élément qui nous a beaucoup aidé. Durant le tournage, nous avions à disposition un lexique qui nous explique tous ces termes, et il était également possible pour nous demander des explications aux scénaristes lorsque nous rencontrions un problème de compréhension. Je dirais que c'était une sorte d'expérience shakespearienne, non pas dans un sens lyrique, mais plutôt parce que nous employons des expressions difficiles.

WC : C'était vraiment réconfortant de savoir que ce que je dis dans la série a un sens. Tout repose sur de véritables faits scientifiques et de vraies informations médicales. Certaines sont certes des suppositions sur ce qui pourrait véritablement exister, donc il y a malgré tout un travail d'imagination mais nous nous reposons constamment sur du concret.



Pourquoi selon il a fallu attendre tant de temps pour voir à l'écran un couple ouvertement gay, comme celui que vous formez dans Discovery ?
AR : J'imagine qu'il y a eu des pressions de la part des chaînes, je ne sais pas quelles ont été la teneur des conversations entre les producteurs de l'époque et les networks, donc ce ne sont que de simples spéculations. Il y a à l'évidence eu des occasions de le faire par le passé, mais en l'occurence c'est la première série Star Trek à voir le jour depuis douze ans, et il y a eu beaucoup de changements dans le paysage audiovisuel, c'est devenu quelque chose de beaucoup plus accepté. Je ne sais pas si jusqu'ici il s'agissait d'une décision délibérée de ne pas en montrer.

WC : Je ne peux pas m'empêcher de penser que certains producteurs ont pris ces décisions sous la pression de contrats publicitaires, et même dans les années 90, il était impossible de montrer deux personnages du même sexe partager le lit, même s'ils ne se touchaient pas. Mais la représentation des LGBT n'a eu de cesse d'évoluer, et cinquante ans après la création de Star Trek, c'est un sujet que nous pouvons désormais aborder et montrer à l'écran de manière utile selon moi, car nous n'assistons pas au début d'une romance mais à une relation déjà établie. La seule chose qui importe dans cette histoire, c'est que ces deux personnages sont amoureux et se respectent mutuellement, et c'est tout. Nous n'en faisons pas toute une histoire, il s'agit simplement de deux hommes gay, point. Donc au final, cela montre selon moi à quel point les mœurs ont évolué et qu'il est désormais possible de montrer ce qui n'était pas accepté par le passé.

Star Trek Discovery est diffusée chaque lundi en US+24 sur Netflix.

Qui sont les héros de la série "Star Trek Discovery" ?