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Star Trek Discovery : embarquez pour une visite-guidée du tournage avec le showrunner de la série

SPOILERS - Attention, l'article ci-dessous aborde de nombreux points essentiels à l'intrigue des douze premiers épisodes de Star Trek Discovery. Si vous ne souhaitez pas en connaître la teneur, merci de ne pas lire ce qui suit.


Embarquement pour l'U.S.S. Discovery

Toronto, le 21 août 2017 à 9h15. Des journalistes venus du monde entier (France, Allemagne, Pologne, Colombie…) sont réunis dans le hall de l'hôtel Park Hyatt. Impatients et excités, nous montons dans un bus qui nous fait traverser la ville puis sa périphérie. Les environs n'émerveillent guère : ports marchands, zones industrielles… C'est alors que le bus s'engage dans un parking, où apparaissent au loin des studios de cinéma, foyers de nombreux tournages dont celui de la série Star Trek Discovery. Le véhicule se gare devant l'entrepôt numéro 7 où les règles sont aussi claires que strictes : ni photo ni vidéo, ne toucher à rien…

Nous pénétrons chacun notre tour dans le hangar qui, à première vue, a davantage des allures de dépôt que de plateau de cinéma. Nous apercevons alors plusieurs rangées de sièges disposés face à des moniteurs de contrôle. Nous n'avons pas de retour son, mais les images sont en revanche connectées en direct du tournage d'une scène tirée du douzième épisode de la série Star Trek Discovery (diffusé en France ce lundi 22 janvier). Nous ne disposons d'aucun détail supplémentaire, ni sur le contenu de la séquence, ni sur la teneur des dialogues ou des personnages présents.

Il ne faut pas attendre longtemps pour voir apparaître à l'écran Sonequa Martin-Green et Michelle Yeoh, respectivement interprètes de Michael Burnham et de l'Empereur Georgiou. Vêtues d'uniformes argentés, les deux femmes semblent avoir une discussion houleuse, aux airs de confrontation verbale. Il est important de préciser à ce stade que la série n'avait pas encore été diffusée, et que la presse n'avait eu accès à aucun épisode, pas même le pilote.



Par conséquent, nous ignorions tout des relations entre les personnages, si ce n'est que Burnham et Georgiou entretiennent une relation forte, et qu'elles remplissent les fonctions les plus importantes à bord du vaisseau U.S.S. Shenzhou. Nous ne savions pas en revanche que le capitaine Georgiou serait tuée par les Klingons dès le deuxième épisode, que Burnham serait condamnée pour mutinerie puis engagée par le capitaine Lorca sur l'U.S.S. Discovery, ou encore que Georgiou réapparaîtrait dans l'univers miroir à la tête de l'Empire Terrien.

Après le tournage d'une première prise, les deux actrices rejouent la scène une deuxième, puis une troisième fois. Trois essais qui semblent satisfaire le réalisateur de l'épisode puisque l'équipe technique entre ensuite dans le champ pour modifier la lumière et le positionnement des caméras (la scène est filmée simultanément par plusieurs appareils de prises de vue).

Nous sommes alors rejoints par Aaron Harberts, le co-showrunner de Star Trek Discovery, qui nous fera visiter en personne les décors de tournage de la série. Aurions-nous pu rêver d'un meilleur guide ?


La visite commence

Nous suivons donc Aaron Harberts dans une suite de couloirs étroits qui nous mènent tout droit vers un premier décor, et pas des moindres : il s'agit en effet du pont de l'U.S.S. Discovery, le vaisseau commandé par le capitaine Gabriel Lorca (Jason Isaacs).

Il faudrait à peu près mille paires d'yeux pour saisir tous les détails de cet incroyable décor, et l'envie nous prend immédiatement d'essayer le fauteuil du capitaine, mais cela nous est malheureusement interdit. Il est de toute façon impossible de laisser son esprit vagabonder et de s'imaginer en héros de la Fédération car avec son débit de parole effréné, Aaron Harberts nous délivre une mine d'informations toutes plus passionnantes les unes que les autres.

Nous apprenons par exemple que Jason Isaacs, lorsqu'il s'est approprié le rôle du capitaine Lorca avant le début du tournage, a décidé que son personnage serait davantage représenté debout qu'assis, car c'est selon lui la position qui convient le mieux à un chef de guerre.



L'action de Star Trek Discovery se déroulant dix ans avant celle de la série de 1966, Harberts explique qu'il était nécessaire que les équipements du vaisseau conservent un aspect "analogique", bien qu'un travail de modernisation ait été fourni, avec la présence par exemple d'écrans tactiles (une technologie qui n'existait évidemment pas durant les 60).

Le showrunner confesse également qu'un hommage a été rendu au pont de l'Enterprise version Nouvelle Génération, notamment dans l'arrondi des postes du vaisseau, situés respectivement à l'avant-gauche et à l'avant-droit de l'emplacement du capitaine.

Nous nous dirigeons ensuite vers une autre salle située à l'arrière de ce décor, dans laquelle se trouve une sorte de bureau privé dont se sert régulièrement le capitaine Lorca. S'y trouve notamment une carte interactive (voir ci-dessous) qui permet de suivre en temps réel le conflit opposant la Fédération aux Klingons, et l'emplacement exact des effectifs de chacun des deux camps. Aaron Harberts nous explique que cette carte est modifiée pour les besoins de chaque épisode, par souci de continuité narrative.


Place aux maquillages

Nous sortons ensuite du hangar 7 pour nous rendre dans les bureaux de production des studios Pinewood, où sont entreposés des maquillages et autres prothèses de la série. Nous y découvrons notamment les secrets de fabrication du masque en silicone porté par Doug Jones (le lieutenant Saru), fruit d'un long travail ayant vu de nombreux concepts se succéder avant que ce modèle définitif ne soit finalement validé.

Nous apprenons aussi que Saru était originellement supposé arborer plusieurs paires d'yeux mais, pour des raisons budgétaires, cette idée a finalement été abandonnée… peut-être provisoirement, puisque Aaron Harberts nous confie toutefois souhaiter reprendre ce concept pour les besoins d'une future espèce extraterrestre lors d'une prochaine saison (depuis cette visite, Star Trek Discovery a été renouvelée pour une année supplémentaire par la plateforme CBS All Access). Autre anecdote : les lentilles portées par Doug Jones lors des deux premiers épisodes, particulièrement douloureuses, ont finalement été remplacées par d'autres modèles pour soulager le comédien.

Le responsable du département maquillage James MacKinnon (Les Gardiens de la Galaxie, Fast & Furious 7….) nous révèle ensuite que le processus de maquillage pour Saru demande environ deux heures de travail par jour, soit l'exacte durée nécessaire pour que James Frain puisse se glisser dans la peau du Vulcain Sarek, le père adoptif de Michael Burnham. Un détail qui surprend puisqu'il ne nous semble pas très contraignant de poser des oreilles prosthétiques sur celles du comédien. Mais pour obtenir un résultat parfait, une extrême minutie s'impose, quitte parfois à sacrifier le confort des acteurs du show.



Dans cette même pièce, nous apercevons également quelques accessoires de la série, présentés par le responsable du département Sang Maier (Pacific Rim, xXx 3…). Parmi ces magnifiques pièces figurent quelques objets bien connus des Trekkies : les transpondeurs, les communicateurs, les phasers ou encore les armes de guerre klingons… Décrites chacune avec passion par leur concepteur, ces reliques feraient envie à n'importe quel fan collectionneur d'autant qu'elles s'inspirent pour la plupart des designs de la série originale, bien que là encore une mise à jour a été nécessaire pour apporter au programme une touche de modernité.

Selon Maier, il était primordial que l'aspect iconique de ces accessoires soit respecté, d'autant que de nombreux artistes employés sur la série sont eux-mêmes de vrais fans de Star Trek. Au moment de quitter la pièce, il est difficile de résister à la tentation d'emporter chez soi l'un de ces accessoires, mais nous nous contentons finalement d'un dernier coup d’œil vers la table avant de nous diriger vers la prochaine étape de la visite : les costumes.

L'uniforme de Starfleet

Alors que nous redescendons dans le hall d'entrée du studio pour continuer notre visite guidée, nous tombons nez à nez avec… Guillermo Del Toro, probablement sur place pour les besoins de son nouveau film La Forme de l'eau (ou l'un de ses nombreux projets en préparation). Cette rencontre inattendue nous amuse beaucoup mais nous retrouvons vite nos esprits alors que nous pénétrons dans les ateliers où sont conçus et entreposés les costumes de Star Trek Discovery.

Accueillis par l'une des responsables du département Gersha Phillips (House of Cards, The Mortal Instruments...), nous nous intéressons à un nouvel élément essentiel de la série, et il nous est cette fois-ci permis de toucher certains de ces costumes, dont la matière assez souple et moulante rappelle les combinaisons portées par les motards.



Chacun de ces costumes a été taillé sur mesure pour l'acteur concerné, et cet aspect oblige dès lors les costumiers à prévoir une combinaison dédiée pour chaque figurant de la série. Ainsi, comme le résume le co-showrunner Aaron Harberts, si une scène nécessite la présence de 200 figurants, alors il faudra concevoir 200 costumes.

Preuve du niveau d'exigence de ce département, leur volonté à obtenir une certaine couleur sur les costumes de l'équipage qui a obligé la production à se rendre en Suisse pour s'offrir les services de la teinturerie Schoeler, mondialement réputée dans le milieu du textile.

Autre contrainte, cette fois pour les acteurs : leurs costumes sur mesure sont portés si près du corps qu'il leur est interdit de prendre du poids pendant le tournage, sans quoi ils ne seraient plus en mesure de rentrer dans leur uniforme ! On comprend mieux pourquoi Jason Isaacs résumait à notre micro son expérience ainsi : "des costumes douloureux à porter, qui nécessitent de sauter le déjeuner."

Plongée au coeur de l'U.S.S. Discovery

Après une pause repas dans la cantine du studio (nous espérions y croiser les acteurs en costume, mais il n'en fut malheureusement rien), nous pensons alors que la visite touche à sa fin, et nous nous préparons psychologiquement à regagner le bus pour retourner à la vie "normale". Mais, comme vous allez le constater, nous n'avions alors pas encore tout vu !

Notre visite, toujours sous la direction du co-showrunner Aaron Harberts, se poursuit dans le hangar 4 (plus gros studio de tournage du continent nord-américain). Nous nous faufilons à travers une série de couloirs de l'U.S.S. Discovery, avant de débarquer dans une pièce qui va impressionner l'ensemble des journalistes présents : la salle de téléportation, lieu iconique pour tout fan de Star Trek qui se respecte.

Construite intégralement, la pièce est tellement détaillée qu'il nous semble alors qu'en appuyant sur l'un des boutons du moniteur de contrôle, nous pourrons imiter l'ingénieur en chef Scotty Montgomery et nous téléporter vers la planète de notre choix. Il ne nous est toutefois pas possible de faire le test, puisqu'il est de nouveau rappelé l'interdiction formelle de toucher à quoi que ce soit. Tant pis pour nos rêves d'aventures spatiales, donc !



Nous nous déplaçons ensuite vers ce qu'Aaron Harberts appelle "la ménagerie du capitaine Lorca", le surnom donné au cabinet de guerre de l'U.S.S. Discovery. Nous n'aurons pas de détails supplémentaires sur ce lieu, mais nous comprenons que des scènes capitales s'y dérouleront (ndlr : après le visionnage des douze premiers épisodes, nous confirmons que c'est bien le cas).

Nous nous rendons également dans les quartiers privés du vaisseau, comme par exemple les appartements des officiers Stamets (Anthony Rapp) et Culber (Wilson Cruz), premier couple ouvertement homosexuel à apparaître dans une série Star Trek. La pièce est essentiellement composée de nuances de gris, fidèle à l'étique militaire et épurée de la Fédération Starfleet.

Nous pénétrons ensuite dans le hangar n°8, et stoppons notre course au milieu d'un ensemble d'échafaudages. Aaron Harberts nous parle alors de l'autre vaisseau spatial au cœur de la série, l'U.S.S. Shenzhou commandé par le capitaine Philippa Georgiou. Parce qu'il est actuellement en pleine rénovation, il nous est malheureusement impossible de nous y rendre, mais Harberts nous informe cependant que son pont est différent de celui du Discovery (puisqu'il s'agit d'un modèle plus ancien), et que le décor circulaire est parsemé de hublots, offrant à l'équipage du vaisseau une vue panoramique de l'espace paraît-il à couper le souffle. Sur ce point précis, il faudra toutefois se résigner à faire preuve d'imagination à défaut de pouvoir le constater de nos propres yeux.


La fin du voyage

La visite touche désormais à sa fin, mais un dernier hangar nous offre l'aperçu d'un décor en construction. Pour des raisons de confidentialité, il est volontairement non-identifié par Aaron Harberts, mais prouve si besoin est que la série ne se contente pas des décors déjà construits mais évolue sans cesse, au fil des intrigues et des épisodes. (Ndlr : quelques mois après cette visite, le visionnage de l'épisode 12 nous a appris qu'il s'agissait de la salle du trône de l'Empereur Georgiou)

Après avoir embarqué à bord de l'U.S.S. Shenzhou, puis avoir rejoint le temps de quelques minutes l'équipage du Discovery, c'est dans un simple bus que nous quittons à grands regrets ces studios Pinewood de Toronto, les yeux pleins d'étoiles (mais aussi de larmes) et la tête pleine de souvenirs impérissables.

Et chaque lundi, en US+24 sur Netflix, les aventures de Michael Burnham, du capitaine Lorca et du lieutenant Saru dans Star Trek Discovery nous paraissent étrangement familières, puisqu'il nous semble que nous aussi, l'espace d'une journée, nous avons pu voyager dans un vaisseau spatial, pour "explorer de nouveaux mondes étranges, découvrir de nouvelles vies, d'autres civilisations, et au mépris du danger, avancer vers l'inconnu..."

Qui sont les héros de la série "Star Trek Discovery" ?