Sri Lanka: les trois principaux candidats à l'élection présidentielle

Un électeur vérifie la liste des candidats avant de voter lors de l'élection présidentielle, le 21 septembre 2024 à Galle, au Sri Lanka (IDREES MOHAMMED)
Un électeur vérifie la liste des candidats avant de voter lors de l'élection présidentielle, le 21 septembre 2024 à Galle, au Sri Lanka (IDREES MOHAMMED)

Dans la longue liste de 39 candidats à l'élection présidentielle de ce samedi au Sri Lanka, trois noms émergent avec de solides chances de l'emporter, dont l'actuel chef de l'État Ranil Wickremesinghe.

- Le sortant en quête de prolongations -

Lorsqu'il a succédé en 2022, en plein chaos, au président déchu Gotabaya Rajapaksa, Ranil Wickremesinghe s'est décrit en "survivant désigné", seul capable de remettre sur pied le pays en faillite.

Malgré la colère suscitée dans la population par les mesures d'austérité et de rigueur de son gouvernement depuis deux ans, il sollicite à 75 ans sa reconduction à la magistrature suprême.

Celui qui a un jour confié vouloir être "président même pour un seul jour" a longtemps échoué dans sa quête, battu en 1999 et 2005.

Premier ministre à six reprises, ce réformiste de centre-droit dirige le Parti national uni (UNP) depuis 1994.

Il y a souvent été contesté, notamment en 2019 lorsque son parti lui a préféré Sajith Premadasa pour le représenter à la présidentielle.

Les deux hommes s'affrontent à nouveau à l'occasion de cette élection.

Dans un monde politique souvent éclaboussé par les affaires, Ranil Wickremesinghe ne fait pas exception.

Lorsqu'il dirigeait le gouvernement de 2015 à 2019, il est accusé d'avoir fermé les yeux sur la corruption du président Rajapaksa et de sa famille.

Héritier de riches industriels de la presse et de l'agriculture, il a commencé sa vie professionnelle comme journaliste, avant de reprendre le cabinet d'avocats familial et d'entrer en politique.

- L'ex-allié roi des cadeaux électoraux -

Âgé de 57 ans, le chef de l'opposition Sajith Premadasa est entré précipitamment en politique en 1993, contraint d'interrompre ses études à Londres par la mort de son président de père dans un attentat-suicide de la guérilla tamoule.

Fils unique du chef de l'État assassiné, il est devenu vice-président de son Parti national uni (UNP). Mais il en a claqué la porte en 2020 en reprochant à son patron, l'actuel président Ranil Wickremesinghe, ses pratiques autoritaires.

Déjà candidat en 2019, il s'était incliné face à Gotabaya Rajapaksa, contraint de fuir le pouvoir en 2022 sous la pression de manifestations contre la crise économique.

Son parti a remporté 54 sièges aux législatives de 2020, lui conférant le titre de chef de l'opposition.

Il y a cinq ans, sa pratique des cadeaux électoraux lui avait valu le surnom d'"homme serviette", pour avoir distribué aux électrices des serviettes hygiéniques pendant la campagne présidentielle.

Cette année, il a récidivé en offrant machines à coudre, ordinateurs, et même bus scolaires, jusqu'à ce que la commission électorale y mette un coup d'arrêt.

"Je suis le seul élu qui travaille pour le peuple en étant dans l'opposition", s'est-il défendu.

Féru des réseaux sociaux, il est marié à la propriétaire d'un salon de beauté. Le couple a adopté une petite fille.

- Le marxiste qui a renoncé aux armes -

Anura Kumara Dissanayaka, 55 ans, espère accéder par les urnes au pouvoir que son parti marxiste n'a pu arracher par les armes lors de deux soulèvements armés qui ont fait plus de 80.000 morts.

En 1971, le Front de libération du peuple (JVP) a déclenché une première insurrection, rapidement réprimée au prix de 20.000 victimes.

Seize ans plus tard, son parti a repris les armes après une loi de décentralisation qui accordait des pouvoirs à la minorité tamoule de l'île.

Issu de la majorité cinghalaise, Anura Kumara Dissanayaka s'est fait remarquer à la tête des étudiants du JVP.

Ce fils d'agriculteur a récemment raconté avoir échappé aux escadrons de la mort qui éliminaient les responsables de la guérilla, caché par un professeur.

Cette révolte s'est achevée en 1989, après avoir fait jusqu'à 60.000 morts.

M. Dissanayaka a pris en 2014 la tête du JVP en promettant de renoncer définitivement aux armes.

Son mouvement dirige désormais une coalition de mouvements de gauche hostiles aux partis traditionnels.

Malgré son inspiration marxiste, il s'est rallié à l'économie de marché.

Depuis la crise catastrophique de 2022, le Pouvoir national du peuple (NPP) a le vent en poupe et surfe sur la colère de la population contre les hausses des impôts, la baisse des dépenses publiques ou la corruption des élites.

Peu de détails de sa vie personnelle sont connus, si ce n'est qu'il est marié et père de deux enfants.

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