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Sprint et T-Mobile US renoncent à leur fusion

par Liana B. Baker et Anjali Athavaley

SAN FRANCISCO/NEW YORK (Reuters) - Sprint et T-Mobile US ont annoncé samedi qu'ils avaient renoncé à leur projet de fusion en vue de créer un opérateur télécoms mobile susceptible de concurrencer les leaders du marche américain, ce qui oblige Sprint à rechercher d'autres solutions pour poursuivre son redressement.

Le japonais Softbank, société-mère de Sprint, le quatrième opérateur mobile américain, et l'allemand Deutsche Telekom, maison-mère de T-Mobile US, le troisième opérateur mobile américain, ne voulaient pas, semble-t-il, céder trop de contrôle sur leurs actifs respectifs.

Si la nouvelle entité avait vu le jour, elle aurait compté plus de 130 millions d'abonnés et se serait classée au troisième rang derrière Verizon Communications et AT&T.

Le maintien de quatre concurrents pourrait se traduire par la persistance de prix bas sur un marché de la téléphonie mobile américain mature.

"Qu'il n'y ait pas de fusion, le consommateur a tout à y gagner parce que Sprint et T-Mobile continueront de se faire une concurrence féroce pour attirer une clientèle près de ses sous", commente Erik Gordon, professeur de l'Université du Michigan.

Toutefois, les deux opérateurs ont pris l'initiative d'annoncer conjointement l'arrêt des discussions, ce qui n'est pas habituel. Cela pourrait vouloir dire qu'ils estiment que fusionner reste un choix pertinent, se laissant ainsi la possibilité de renouer le dialogue.

Sprint et T-Mobile ont expliqué qu'ils ne discuteraient plus car ils ne pouvaient définir des "conditions mutuellement acceptables".

John Legere, le directeur général de T-Mobile, a mis en exergue les mérites d'une fusion mais il a souligné également qu'elle devait apporter aux actionnaires une valeur à long terme qui dépasse nettement ce que l'opérateur pouvait dégager par lui-même.

Marcelo Claure, son homologue de Sprint, a pris acte du désaccord tout en soulignant qu'un rapprochement se serait justifié au moins du point de vue des économies d'échelle réalisables.

Quoi qu'il en soit, Masayoshi Son, le PDG de Softbank qui a levé une centaine de milliards de dollars afin que son fonds Vision investisse dans des sociétés high techs, doit maintenant trouver une alternative pour Sprint.

Ce dernier est à mi-chemin d'un plan de redressement mais les analystes sont sceptiques au vu d'un endettement qui atteint les 38 milliards de dollars.

Même si le nombre d'abonnés a augmenté sous la houlette de Claure, cela s'est fait au prix de ristournes massives et l'arrêt des discussions avec T-Mobile prive Sprint des économies d'échelle indispensables pour investir dans son réseau et résister à la concurrence dans un marché saturé, arguent-ils.

S'il s'agit de rester indépendant, T-Mobile est mieux placé que Sprint, poursuivent-ils.

T-Mobile, dont Deutsche Telekom détient 65% du capital, est le premier opérateur à avoir supprimé les contrats d'engagement de 24 mois, une décision saluée par les abonnés et rapidement imitée par la concurrence. Une concurrence qu'il harcèle en outre avec ses formules illimitées.

Les deux opérateurs avaient tenté une première fois de fusionner en 2014 mais ils avaient dû y renoncer pour des questions réglementaires.

De fait, même s'ils étaient allés au bout de leur nouveau projet de fusion, ils auraient dû le défendre âprement auprès des autorités de la concurrence.

Des sources avaient dit en juillet à Reuters que Sprint se proposait de fusionner avec Charter Communications, une piste alternative à un rapprochement avec T-Mobile US.

Les sources avaient précisé qu'il n'était pas certain que Charter soit intéressé par une alliance avec Sprint.

La capitalisation de Charter dépasse largement celle de Sprint et même s'il était intéressé, il lui faudrait le blancseing de Comcast, le premier câblo-opérateur américain, car les deux sociétés ont signé en mai un accord qui leur interdit toute transaction d'importance sans assentiment réciproque pendant un an.

(avec Doug Busvine à Francfort et David Shepardson à Washington; Danielle Rouquié et Wilfrid Exbrayat pour le service français)