Spotify choisit la croissance aux dépens des marges, le titre chute

par Eric Auchard et Olof Swahnberg

LONDRES/STOCKHOLM (Reuters) - Spotify Technology a dit jeudi qu'il continuerait à sacrifier ses marges pour assurer sa croissance, après avoir publié des résultats du troisième trimestre conformes aux attentes, une annonce qui fait chuter le titre en Bourse.

L'action du spécialiste suédois du streaming musical, qui a perdu environ 30% depuis son introduction à Wall Street en avril, lâchait 7,7% à 138,10 dollars à la mi-journée à New York.

Le groupe a manqué de peu de réaliser son premier bénéfice d'exploitation sur la période juillet-septembre, soit plusieurs années plus tôt que prévu, ce qu'il explique par le fait qu'il n'a pas embauché beaucoup d'ingénieurs.

"L'amélioration de la marge d'exploitation au troisième trimestre est due en grande partie au manque de recrutements", dit Spotify dans un communiqué.

Spotify s'est engagé à accélérer le rythme de ses investissements dans la recherche et le développement de nouveaux services de musique et de contenus supplémentaires en 2019, ce qui, selon lui, réduira ses marges opérationnelles "dans un avenir prévisible".

HAUSSE DE 5% DU NOMBRE D'ABONNÉS PAYANTS

Spotify a publié un chiffre d'affaires et une marge brute globalement conformes aux attentes au troisième trimestre et une modeste hausse de 5% du nombre ses abonnés payants.

Les performances sont bien meilleures que prévu, relève George Salmon, analyste chez Hargreaves Lansdown.

La marge d'exploitation au troisième trimestre a reculé à -0,5% contre -7,1% au cours des derniers trimestres. La perte d'exploitation a atteint six millions d'euros.

"Malheureusement, la rentabilité n'est pas bonne (et) c'est dommage", relève Tomas Otterbeck, analyste du cabinet d'études Redeye, évoquant la détermination du groupe à privilégier la croissance des revenus à la rentabilité dans les années à venir.

Le numéro un mondial de la musique en streaming a resserré sa prévision d'utilisateurs actifs mensuels pour 2018 dans une fourchette de 199 à 206 millions. Les analystes attendaient en moyenne 208 millions.

Le nombre d'abonnés mensuels, qui représentent 90% du chiffre d'affaires, a atteint 87 millions au troisième trimestre, contre 83 millions au deuxième. Ces chiffres sont conformes à la prévision moyenne des analystes, selon le consensus Thomson Reuters.

Le nombre total d'utilisateurs, incluant les comptes gratuits, s'est élevé à 191 millions.

Le chiffre d'affaires au troisième trimestre a progressé de 31% à 1,352 milliard d'euros, contre 1,33 milliard attendu en moyenne par un consensus de 17 analystes, selon des données Thomson Reuters.

La marge brute a augmenté à 25,3%, contre 22,3% au troisième trimestre 2017. Elle est légèrement supérieure à celle de 24,9% attendue par le consensus.

(Eric Auchard, Helena Soderpalm et Olof Swahnberg; Catherine Mallebay-Vacqueur pour le service français, édité par Dominique Rodriguez)