Que vaut « Animale », le western fantastico-féministe tourné en Camargue ?

Animale est un un western d’épouvante qui se passe dans le milieu des courses de taureaux en Camargue.   - Credit:Wild Bunch
Animale est un un western d’épouvante qui se passe dans le milieu des courses de taureaux en Camargue. - Credit:Wild Bunch

S'il y a encore trop peu de films fantastiques ou d'épouvante made in France, ceux réalisés par des femmes semblent encore plus rares, malgré les œuvres récentes de Julia Ducournau (Titane), Coralie Fargeat (The Substance) ou encore Lucile Hadzihalilovic (Earwig). Pour son second long-métrage après Fragile (2021), Emma Benestan, 36 ans, prend le genre par les cornes et emprunte une voie plutôt risquée, celle du film de métamorphose en grosse bestiole velue… Pourtant, à l'arrivée, Animale est une réussite éclatante, un western d'épouvante qui se passe dans le milieu des courses de taureaux en Camargue.

L'héroïne, incarnée par Oulaya Amamra (vue dans le précédent film de la réalisatrice et bientôt dans Toutes pour une, version féminine des Trois mousquetaires), évolue dans un monde de bêtes et d'hommes – des « gardians » – et elle est la seule femme à pratiquer la course de taureaux. Après un soir de fête particulièrement arrosé, c'est le black-out, et la jeune femme, dont le corps est étrangement meurtri après une agression, se transforme en créature titanesque…

Sur ce pitch excitant, Emma Benestan accumule les séquences nocturnes angoissantes. Sublimée par Ruben Impens, le chef opérateur de Titane, la nuit camarguaise évoque la lande de Baskerville, ou certains plans du terrifiant It Follows, suggère une violence sourde, génère une inquiétante étrangeté. Révélée par Divines, Oulaya Amamra dégage une puissance atomique (notamment lors d'une séquence de cri à [...] Lire la suite