Vague d’émigration d’Israéliens critiques de leur gouvernement
Un nombre croissant d’Israéliens s’expatrient, le plus souvent en Europe. Ils sont pour la plupart des opposants à la politique de Benyamin Nétanyahou, participent à des manifestations de protestation et sont accablés par l’état de la démocratie en Israël, pays auquel ils sont tous pourtant très attachés, raconte le quotidien Ha’Aretz. “Derrière tout cela se cache une couche de douleur, la douleur de bons Israéliens qui croyaient pouvoir se reposer sur leurs lauriers après deux mille ans, mais qui reprennent maintenant le bâton du voyageur”, explique Lavi Segal, qui vient de s’installer dans la région du Piémont, en Italie. Il appartient à un groupe Facebook nommé “Baita”, une contraction de bait, “maison” en hébreu, et Italia, qui renseigne les aspirants à l’expatriation. Lavi Segal a pu s’expatrier facilement car il est titulaire d’un passeport lituanien et peut donc s’installer librement dans l’espace Schengen :
“Qui aurait pensé qu’après tout ce qui est arrivé à notre peuple et à ma famille sur le sol lituanien qu’un passeport lituanien, entre autres, nous rendrait possible cette liberté de mouvement ?”
Pour Maayan Golan, ergothérapeute, et son mari, Ram, entrepreneur agricole, également installés en Italie, les raisons du départ sont aussi bien politiques qu’économiques car le prix de l’immobilier flambe en Israël.
Selon Ugo Luzzati, un Israélien qui est né et a grandi en Italie, beaucoup de gens n’osent pas parler de leurs démarches d’émigration ouvertement (notamment à la presse) car ils “ont peur, ils ne veulent pas être exposés, de crainte que leurs amis ne découvrent qu’ils envisagent la yerida [émigration ; littéralement “descendant”, en hébreu] du pays”.
Pourtant, l’organisation à but non lucratif Progetto Baita, qui gère la page Facebook Baita, ne cesse d’enregistrer des inscriptions et a envoyé plusieurs délégations exploratoires en Italie. Cela tombe plutôt bien car la vallée du Piémont est en plein déclin démographique. “Lors d’un récent rassemblement du Progetto Baita en Israël, la plupart des participants étaient des couples âgés de 40 à 60 ans. Les plus jeunes s’intéressent aux sujets liés à l’éducation (niveau académique des écoles, taille des classes, transports scolaires), tandis que les plus âgés s’intéressent aux services de santé locaux”, note Ha’Aretz. Parmi les candidats à l’expatriation, on compte une majorité de médecins, ajoute le quotidien.
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