De Trump au RN… Quand la « lutte des classes » profite à l’extrême droite
Rappeler avec Karl Marx que « l'histoire de toute société jusqu'à nos jours, c'est l'histoire de la lutte des classes » passe souvent pour un point de vue du XIXe siècle. Pourtant, au lendemain de la victoire électorale de Donald Trump, nombre d'éditorialistes et d'essayistes se sont avisés que « ce séisme » devait peut-être quelque chose au sentiment de déréliction de « la classe ouvrière blanche et latino » aux États-Unis et que « le sentiment de relégation des milieux populaires et de déclassement des classes moyennes » en France pourrait bien y produire les mêmes effets. En juin dernier, le RN a déjà obtenu 33,2 % des suffrages aux élections législatives et 143 députés (avec ses alliés). Si le lien entre partis politiques et classes sociales (« le vote de classe ») est loin d'aller de soi, il se pourrait que la condition de classe reste une variable pertinente pour rendre compte des suffrages.
Depuis plusieurs décennies, une bonne partie de la sociologie anglo-saxonne semble néanmoins convaincue de la désuétude du concept de classe sociale. Du Daniel Bell à Terry N. Clark et Seymour M. Lipset, les théoriciens de la « société postindustrielle » ont souligné l'importance prise par les interventions de l'État et les « métamorphoses » qu'elles induisent de « la question sociale », la place croissante du savoir dans la production (d'où résulte l'extension d'une « classe moyenne » qui inclut désormais techniciens et cadres), l'émergence de nouveaux mouvements [...] Lire la suite