Trompe-l’œil plus ou moins trompeurs

Trompe-l’œil au verre cassé, d’Étienne Moulinneuf, d’après le Bénédicité de Chardin, 1744 ou après (musée de Bourg-en-Bresse). - Credit:
Trompe-l’œil au verre cassé, d’Étienne Moulinneuf, d’après le Bénédicité de Chardin, 1744 ou après (musée de Bourg-en-Bresse). - Credit:

Selon une anecdote devenue mythique, Pline l'Ancien raconte la compétition qui eut lieu entre deux grands peintres de l'Antiquité. L'un d'eux, Zeuxis, avait représenté des raisins si habilement que des oiseaux vinrent les picorer. Mais son rival peignit alors un rideau couvrant son tableau d'une façon tellement véridique que Zeuxis voulut le tirer pour voir l'œuvre qu'il semblait cacher. Humblement, Zeuxis admit sa défaite, puisque son rival avait réussi à tromper un peintre tandis que lui-même n'avait dupé que des oiseaux… Le trompe-l'œil a traversé l'histoire de la peinture depuis l'Antiquité jusqu'à nos jours.

Il y a trompe-l'œil et trompe-l'œil. Ainsi la « grisaille » consistait à peindre un tableau en noir et blanc, notamment pour figurer des bas-reliefs sculptés qui étaient en réalité peints. D'autres mettaient en scène des panneaux de bois sur lesquels étaient épinglées des images ou accrochées des clés. La vérité est que la plupart de ces tableaux ne trompaient personne dès qu'on approchait un tant soit peu des œuvres. Ce n'est pas la virtuosité qui importe le plus, car elle n'est que nécessaire, mais c'est l'habile idée de mise en scène. Véronèse a fait de merveilleuses fresques au sommet d'escaliers qui font croire qu'un page vient d'ouvrir la porte d'une pièce voisine, mais personne ne s'y trompe.

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