Top 14: qui peut battre le Stade Toulousain?
"On a encore envie de tout gagner pendant longtemps." La victoire 59-3 contre Bordeaux à peine digérée que Thomas Ramos, dans les coursives du Vélodrome, se projetait déjà sur la suite. Avec une volonté forte chez ce groupe encore jeune: gagner plus que les entraîneurs en place (Jean Bouilhou ou Clement Poitrenaud) et marquer un peu plus l’histoire du club, voire de ce sport en allant chercher des records. Romain Ntamack sait que Toulouse sera l’équipe à battre: "On sait très bien qu’on aura une cible dans le dos. Il faudra être prêts, s’attendre à ce que tous les terrains nous soient hostiles. On est au courant, on le sait, on commence à avoir l’habitude depuis pas mal d’années d’être la cible de toutes les équipes qui veulent essayer de nous battre. Il faut que ça nous serve de motivation."
Et pour conserver son titre, Toulouse a conservé son effectif qui sera renforcé par le jeune troisième ligne Léo Banos et l’international japonais Naota Saito qui sera la doublure d’Antoine Dupont. Mais le principal renfort viendra de l’infirmerie avec le retour d’Anthony Jelonch, de Cyril Baille et Emmanuel Meafou, forfait lors de la finale. Sans oublier Nelson Épée, champion olympique à VII, qui devrait confirmer son potentiel sur l’aile. Un effectif XXL qui peut voir grand encore cette saison.
Pour la concurrence, comme Judicaël Cancoriet, troisième ligne de La Rochelle, le favori est évident: "Il faut appeler un chat un chat. Toulouse ça reste l'équipe qui domine le championnat depuis maintenant quelques années. Maintenant, à nous et les autres équipes, mais surtout à nous d’élever notre niveau jeu. On donne raison aux personnes qui disent que Toulouse est la meilleure équipe et pour l’instant c’est le cas."
La Rochelle de retour au premier plan
Pour contrer l’hégémonie toulousaine, justement La Rochelle semble l’un des mieux armé aujourd’hui. Défait par Toulouse en demi-finale en juin dernier (39-23 avec les rouges de Wardi et Antonio en deuxième mi-temps), les hommes de Ronan O’Gara ont peu changé à l’intersaison. Avec une stratégie de recrutement proche de celle de Toulouse, conserver l’effectif avec un rajout. Le deuxième ligne Kane Douglas est venu renforcer un effectif qui avait réussi le doublé européen (2021 et 2022) il y a deux saisons. Les Maritimes ont pour la première fois, depuis longtemps, réalisé une vraie préparation d’avant saison et espère empêcher le triplé toulousain qui reste sur neuf victoires consécutives en phase finale contre les Rochelais. O’Gara pourra aussi s’appuyer sur la jeunesse avec une équipe espoir qui a été très performante la saison dernière.
Le dernier finaliste, l’UBB, s’est également renforcé et semble aussi être un sérieux prétendant. Avec un objectif cet été, allonger la profondeur de banc pour mieux supporter notamment la période des doublons, où la ligne de trois-quarts devrait être appelée par le staff des Bleus. Un recrutement intelligent avec notamment le pilier Mathis Perchaud, l’international écossais Jonny Gray en deuxième ligne, une vraie doublure à l’ouverture pour Mathieu Jalibert avec Joey Garbey, l’expérimenté Arthur Retière. Une question pour les hommes de Yanick Bru avant le début de saison, la manière dont l’humiliation en finale aura été digérée.
Toulon en embuscade, le Stade Français ambitieux
Le RCT, qui a retrouvé les barrages la saison dernière (défaite contre La Rochelle 29-34 à Mayol), veut faire mieux. Pierre Mignoni, le manager, a d’ailleurs remontré cette défaite en début de saison pour évacuer ce traumatisme auprès des joueurs pour vite basculer sur la nouvelle saison. Et pour attaquer ce championnat, le RCT a attiré deux valeurs sures anglaises Kyle Sinckler ou Lewis Ludlam pour densifier le paquet d’avant. Le nouvel international Antoine Frisch va découvrir le Top 14 et l’ambiance folle de Mayol qui sera encore une fois cette année, une arme pour Toulon.
Et pour compléter ce top 6, les clubs franciliens seront forcément à la bagarre avec deux staffs, Stuart Lancaster au Racing et Laurent Labit au Stade Français, qui vont démarrer l’an II de leur projet.
Le Racing est probablement l’équipe qui a le recrutement le plus clinquant avec l’arrivée d’Owen Farrell, l’international anglais (96 sélections) que Stuart Lancaster connait très bien pour l’avoir lancé avec le XV de la Rose. Si on rajoute les Français Demba Bamba et Romain Taofifenua, le Racing a un potentiel énorme. Mais depuis quelques saisons, c’est une équipe qui déçoit lors des phases finales. Mais l’association Farrell et Nolan Le Garrec (qui rejoindra La Rochelle la saison prochaine) fait saliver les suiveurs.
Le voisin parisien, deuxième de la saison régulière l’année dernière, espère faire aussi bien et rejoindre la finale du Top 14. L’arrivée de Louis Carbonel, à l’ouverture, devrait permettre aux parisiens de reprendre du plaisir sur le terrain et en tribunes. Avec probablement, l’un des meilleurs paquets d’avants du Top 14, les hommes de Laurent Labit ont la capacité de venir titiller le Stade Toulousain comme l’espère Paul Gabrillargues: "Tout est possible bien sûr, si on part perdant au début de la saison... Le Top 14 c'est long, c'est très très long. On voit au fil des saisons, parfois y a des équipes en forme, des équipes qui reviennent, d'autres qui sont un peu moins en forme. Donc non, tout est remis en jeu chaque saison."
Six équipes sur la ligne de départ qui semblent avoir une longueur d’avance pour aller chercher le bouclier le 28 juin prochain au Stade de France.