Top 14: "Cette équipe est capable de grandes choses", Paillaugue croit en la renaissance du MHR après une saison galère
Lors de votre intronisation en fin de saison dernière, le président Mohed Altrad a beaucoup insisté sur le retour de l’ADN. Quel est l’ADN du MHR ?
L'ADN du MHR, c'est une équipe qui est difficile à jouer, c'est une équipe qui ne lâche jamais avec beaucoup de résilience, beaucoup d'abnégation, beaucoup d'entraide. Quand je suis arrivé en 2009, c'était ça: pas de grands joueurs, mais des mecs qui se battaient les uns pour les autres. On était une équipe qui était dure à manœuvrer, avec un pack de devant qui était robuste, avec une certaine agressivité. Et derrière pas des grands noms, mais des joueurs qui avaient des qualités, une intelligence rugbystique. On essaye de retrouver cela, de retrouver cet amour du maillot, cette envie de se dépasser pour son copain.
Est-ce que vous avez perçu cet ADN sur le premier match perdu contre Lyon (22-26) ?
Malheureusement, ça ne s'est pas toujours vu contre Lyon. On a été déçus de certaines attitudes sur ça. Il faut essayer de ne pas lâcher, qu'importe le match. Qu'on gagne ou qu'on perde, il faut que ce soit difficile pour l'adversaire. Sur le rugby, on sait que cela va mettre du temps, que cette équipe, elle a quand même été un peu meurtrie de ces deux dernières saisons. On sait que ça ne va pas arriver du jour au lendemain. Mais au moins, sur les bases, l’envie de se battre, on doit être là. Je ne dis pas qu'elle ne l'a pas fait contre Lyon, mais 70% du temps. Dans le Top 14, il faut être à 100% tout le temps. C'est là où on est un peu déçus sur ce premier match.
Avant le match contre Grenoble, vous aviez été intégré à l’ancien staff pour préparer le barrage. Votre nom revenait avec insistance pour une promotion cette saison. Vous entrainiez les Espoirs, la décision a été facile à prendre de franchir le cap ?
L’évidence, c’était de travailler avec le nouveau staff qui avait envie de bosser avec moi. Quand on m'a demandé d'intégrer le staff l'année dernière, ce n’était pas facile. Je ne dis pas que ce sont des mauvaises personnes, bien au contraire, mais ils ne m’avaient pas choisi. C'était compliqué de me faire une place. Et ça, je le reconnais totalement.
Cette saison, je travaille avec des gens que je connais bien, c'est aussi à double tranchant. On est des amis, on peut se fâcher. Mais en tout cas, ce qui est bien, c'est que comme on se connaît très bien, on ne craint pas de se dire les choses qu'on soit d'accord ou pas d'accord. Et pour l'instant, ça se passe plutôt bien. Mais on aimerait que ça switche assez rapidement parce qu'on sait qu'on a besoin de vite gagner pour retrouver cette confiance-là. On a loupé la première marche. Maintenant, il ne faut pas tout remettre à zéro. Il faut rester dans le projet qu'on veut mettre en place, trouver des leviers rapides pour engranger de la confiance.
Vous avez joué avec la plupart des joueurs, est-ce qu’il a fallu mettre un cadre, une distance avec eux maintenant que vous êtes entraîneur ?
Quand j'étais joueur, j'étais proche des mecs parce que j'aimais ça. Ils me connaissent. Ils connaissent mon tempérament. Ils connaissent aussi mon exigence, surtout. Et je pense que c'est ce qui leur plaît aussi. Donc non, je ne change pas. Bien sûr que je ne vais pas aller au restaurant avec eux comme on pouvait le faire tous les jours. Je suis plus avec le staff et j'ai plus de boulot d'ailleurs. Mais non, j'ai envie de garder cette proximité, mais dans le travail. Garder cette proximité où on se dit les choses. Moi, je vais essayer d'être le plus honnête possible. Il va y avoir des déçus. Mais je veux essayer de rester moi. Ça plaît, ça ne plaît pas, mais ça sera comme ça. J'essaye d'être surtout à l'écoute des mecs. Et d'échanger énormément quand il faut échanger sur le rugby ou même sur les aspects hors rugby. Parce que pour moi, c'est important. Il n'y a pas que le rugby : essayer de connaître ses joueurs, savoir s'ils vont bien déjà. Et après, essayer d'en tirer le meilleur.
Vous étiez un joueur parfois sanguin qui n’hésitait pas à dire les choses de manière cash, de prendre la parole en période de crise, de mettre les joueurs devant leurs responsabilités. Est-ce que vous arrivez à calmer ce caractère ?
C’est à eux de répondre (rires). Je mets un peu plus d'eau dans mon vin, mais il ne faut pas changer son caractère. Le caractère que tu as, il fait la personne que tu es. Moi, je pense qu'ils ont aimé ça aussi de chez moi. J'essaie d'être le plus moi-même possible sans me changer, mais en étant un peu plus posé. Même si parfois j'ai des coups de sang parce que j'ai beaucoup de frustration, parce que je sais que cette équipe-là, elle est capable de grandes choses, qu'il y a de très bons joueurs, mais qu'il faut vite retrouver cette confiance-là. En tout cas, j'essaie de ne pas me changer ou de me prendre pour quelqu'un d'autre. J'essaie de parler avec mon cœur, tout simplement. La passion que je peux avoir pour ce sport-là et pour ce club-là. Moi, je ne le fais pas pour moi. J'essaie de donner le meilleur pour ce club-là parce que j'ai envie que ce club réussisse. Si c'est avec moi pendant des années, j'en serais le plus heureux. Si c'est sans moi, j'en serais le premier supporter. Mais à l'heure actuelle, je suis là, donc j'ai envie que ça marche avec nous, c'est sûr.
Vous sortez d’une saison galère, quel est l’objectif pour cette saison ?
La priorité, c'est de retrouver de l'engouement, c'est de retrouver un groupe qui a envie de venir s'entraîner, qui a envie de passer du temps ensemble, qui a envie de jouer et se défoncer les uns pour les autres. Que nos supporters et nos partenaires ressentent ça de l'équipe. Je pense que ça, c'est la priorité. Et bien sûr, essayer de faire une bonne saison. On va essayer de faire mieux que l'année dernière. On doit faire mieux que l'année dernière. C'est une certitude. On sait qu'on est dans une situation de reconstruction, on ne va pas chasser tous les démons du jour au lendemain, d'un claquement de doigts, ça prend du temps. En tout cas, pour l'instant, tout se passe bien au niveau du staff. Tout se passe bien au niveau de l'encadrement technique, avec les dirigeants, avec Bernard, avec le président. Les joueurs ont l'air d'être contents et adhérer au projet. Ce n'est pas parce qu'on a loupé le premier match. On pourra peut-être louper le deuxième, peut-être le troisième. Mais à un moment donné, il va falloir que ça switch. Il ne faut surtout pas baisser les bras dès maintenant.
Vous parlez de Bernard Laporte, quel est son rôle auprès de vous ?
Il est au quotidien avec nous. Il est tous les matins avec nous, tous les après-midis. Il échange beaucoup. Il regarde les vidéos. Il nous donne son point de vue. Il nous demande aussi le nôtre. Il y a beaucoup d'échanges. Ça se passe très bien. Il a dit qu'il serait avec nous. Qu'il allait nous épauler parce qu'on était un staff jeune. Et pour l'instant, c'est ce qui se passe. Il ne manque plus que cette victoire qui fait qu'on va avoir un peu plus de confiance.
Cet après-midi c’est le derby contre Perpignan, à Béziers, c’est un beau défi pour lancer la saison ?
C'est un derby mais dans un stade neutre, le stade de Béziers qui est magnifique. On sait qu’ils vont se déplacer. Ça va être un endroit hostile, ça va être un bon test pour nous. On attend des choses de nos joueurs, on l'a dit. À la première vidéo, on l'a dit. On est déçus de certains trucs. On attend une réaction ce week-end. Au moins sur le comportement, sur l'envie. Sur le jeu, on verra plus tard. Mais au moins sur cette attitude-là, de se battre les uns pour les autres. Il faut que nos leaders se révèlent. Il faut que des jeunes joueurs aussi arrivent et poussent derrière tout le monde. Il faut qu'on arrive à trouver cet engouement qui fait qu'on va retrouver de l'allant.