"Une technique apprise il y a deux semaines": comment Gaba est devenu le héros de l’équipe de France de judo
Le public de l'Arena Champ-de-Mars a bien cru assister à un véritable psychodrame entre Joan-Benjamin Gaba et Baptiste Leroy. "Il a fallu l’attraper par le kimono, le retenir. Je pense que des gens dans le public ont dû croire qu’on se battait", se marre le coach de l’équipe de France ce samedi soir, quelques instants après la médaille d'or des Bleus en judo par équipe.
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L’heure n’était pourtant pas aux règlements de compte. Quelques secondes avant cette empoignade, l’équipe de France de judo venait de recoller à 3-2 face au Japon. C’est justement cette performance qui a valu au judoka tricolore une petite intervention de son coach. "Même Teddy a dit 'lâche le, lâche-le'", poursuit Baptiste Leroy. "Mais il était en transe, c’était pour le faire redescendre! On savait qu’il y allait potentiellement avoir un Golden Score (un dernier match décisif, NDLR) et qu’il fallait repartir."
À ce moment-là, la France venait en effet de s’acheter le droit de continuer à rêver dans cette finale, disputée en quatre matchs gagnants. Derrière, Clarisse Agbegnenou a fait le travail pour remettre les deux équipes à égalité (3-3), avant que Teddy Riner ne remporte le combat décisif pour offrir l’or aux Bleus. Un dénouement heureux justement possible grâce à Joan-Benjamin Gaba, qui a permis à la France de rester en vie dans cette finale.
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Pour se muer en sauveur, le Français, sacré vice-champion olympique en individuel il y a quelques jours (-73kg), a dû vaincre une légende du judo, Hifumi Abe, double champion olympique en -66kg. "J’ai toujours dit que je n’avais peur de personne. Ça reste un humain", a balayé Gaba après la finale. "En plus, il n’est pas dans ma catégorie. Je suis vice-champion olympique. Pour le respect de tous les -73kg, je devais gagner. (...) J’ai perdu la finale en individuel il y a quelques jours, je me dis que c’était impossible de reperdre une deuxième finale de suite ici à Paris, chez nous. Il y avait toute l’équipe derrière moi, ça m’a galvanisé."
Riner: "J'adore les mecs comme ça qui posent leur… sur le tapis"
À la descente du podium, tous ses coéquipiers ont tenu à mettre en avant sa formidable performance. "Moi, j’adore les mecs comme ça qui posent leur… sur le tapis, qui vont au bout des choses. S’il continue comme ça, il l’aura sa médaille d’or olympique en individuel", a assuré Teddy Riner. "Joan m’a fait kiffer, m’a fait rêver. J’en ai limite pleurer ! C’était trop beau, c’était incroyable", a de son côté confié Shirine Boukli.
Maxime-Gaël Ngayap Hambou, qui a ouvert le bal de cette finale par équipe (défaite face à Sanshiro Murao), s’est quant à lui livré à une petite confidence. "Je connais très bien mon ami Joan, je savais très bien qu’il allait nous ramener le point. Il a fait un match de fou. Il a sorti une technique qu'il a apprise il y a deux ou trois semaines. C’est la première fois qu’il l’a testait et il l’a mise à Abe!"
À en croire son pote, Gaba aurait donc construit son succès sur une prise récemment ajoutée à son arsenal. "La technique? J’ai vu Heydarov, celui qui m’a battu en finale des 73kg, qui le fait très bien et qu’il l’a mise en finale des Mondiaux contre un Japonais", valide le principal intéressé. "Il y a deux semaines, j'ai essayé quatre ou cinq fois à l’entraînement. Là je me suis dit ‘pourquoi pas?’ et j’ai essayé. Et ça a marché (sourire)."
Pour placer cette nouvelle technique, le héros tricolore a profité d’une baisse de régime de son adversaire. Lorsque le match a été interrompu à cause d’un saignement du Japonais, Gaba a saisi l’ouverture. "Généralement, quand on demande à l’arbitre une pause pour se faire soigner, c’est qu’on est fatigué et qu’on veut récupérer. Je me suis dit 'Je vais le cueillir' (sourire). Dès qu’il est revenu, j’ai tout mis et ça a marché." Et la suite appartient à l’Histoire du judo français.