Quand le ténor est muet…

Ruben Gandits (au centre), comédien muet d'origine flamande, est le narrateur de The Rise, un opéra inclassable.  - Credit:Hervé Véronèse/Centre Pompidou
Ruben Gandits (au centre), comédien muet d'origine flamande, est le narrateur de The Rise, un opéra inclassable. - Credit:Hervé Véronèse/Centre Pompidou

Quand le ténor est muet…, l'opéra se mue en ballet. C'est ainsi qu'on serait tenté de résumer The Rise, œuvre expérimentale que programme le théâtre national de Strasbourg dans le cadre de l'édition 2024 du festival Musica. Cette pièce de la compositrice autrichienne Eva Reiter et du chorégraphe belge Michiel Vandevelde en déroutera certains. Elle vaut pourtant le détour.

Créé à Paris le 20 septembre dernier, lors du festival « Extra ! » proposé par le Centre Pompidou, le spectacle, conçu en partenariat avec l'Ircam, confronte, en effet, le spectateur à un prélude étonnant où Ruben Gandits interprète un narrateur silencieux. Le comédien muet d'origine autrichienne y raconte, en langue des signes, l'histoire d'un être privé de parole.

Une réalité indicible

Le visage extraordinairement expressif du comédien, habilement mis en lumière, plonge le public dans les affres d'un individu incapable de communiquer ses émotions, tandis qu'au mur apparaissent des poèmes de Louise Glück, tirés du recueil de poèmes Averno. À ceux qui ne verraient là qu'une coquetterie de mise en scène, expliquons que ce livre compte en son cœur un texte saisissant intitulé Octobre, rédigé peu après l'attaque terroriste du 11 septembre 2001 à New York – un événement jamais nommément cité – et qui traite justement de la sidération que provoquent en nous certains drames.

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