"Les supporters? Ils sont un peu fous comme moi": Marcin Bulka veut "être le meilleur gardien" de Ligue 1
Vous avez été appelé pour la première fois par Fernando Santos, le sélectionneur de la Pologne (depuis démis de ses fonctions). Vous n’avez pas joué, mais racontez nous ce que ça fait d’être appelé pour représenter son pays?
C'était ma première fois en équipe nationale. C'était une surprise, une fierté. Quand tu es joueur professionnel, tu rêves d'être dans ton équipe nationale, de chanter l'hymne. C'est spécial. Quand tu y es, tu profites. Maintenant l'objectif c'est de faire mes débuts.
Quelle est la nature de votre relation avec Sczesny?
C'est comme un grand frère pour moi. Il est drôle, bien avec le groupe. Ça fait longtemps qu'il joue des bons matchs. Ça fait du bien. On a toujours connu des bons gardiens en Pologne. La concurrence, ça fait partie du foot, ça te motive de bien jouer. Gardien, c'est un poste spécial. Soit tu joues, soit tu ne joues pas.
Avec la défaite contre l'Albanie, les chances de qualification pour l'Euro se sont réduites...
Il reste trois matchs, il faut tous les gagner en attendant que les autres perdent des points. On attendait deux victoires pendant cette plage de sélection, on n'en a eu qu'une seule. Ça va être compliqué.
"Je n'ai que de beaux souvenirs à Paris"
Vous rentrez de sélection et vous allez affronter le PSG, votre ancien club. Quels souvenirs gardez-vous de vos années parisiennes?
Je garde de très bons souvenirs. J'étais jeune, j'avais 19 ans. C'est un très bon club qui m'a fait grandir. J'étais entouré des meilleurs joueurs du monde. J'ai beaucoup appris.
Est-ce que votre passage à Paris vous laisse des regrets?
Pas du tout. Je n'ai que de beaux souvenirs à Paris. Ce club m'a fait grandir. Je l'en remercie.
Il a fallu partir en prêt pour avoir du temps de jeu. Cartagena, Châteauroux puis Nice...
Tous les prêts ne sont pas faciles. Il faut parfois changer de pays, de culture... Tout ça n'est pas facile pour un jeune gardien. J'ai eu une blessure aussi. Mais je suis revenu plus fort et après je suis arrivé à Nice.
Vous estimez avoir eu votre chance à Paris? On se souvient de votre boulette face à Lens (une mauvaise relance au pied qui permet au RC Lens de marquer un but facile et de battre le PSG 1-0 en septembre 2020)...
Je ne pense pas avoir gâché ma chance. Ça peut arriver à tous les gardiens. C'était un peu de nonchalance parce que j'étais jeune et que je n'avais pas l'expérience de ce niveau. Si j'avais eu plus de matchs de Ligue 1, j'aurais pris une autre décision sur le coup. Je suis devenu un meilleur joueur grâce à cette erreur. C'est comme ça, le foot.
Comme chaque saison, le PSG est le favori du championnat. Qu'espérez vous de ce déplacement au Parc?
Quand on voit leur effectif, c'est toujours un club qui cherche le titre. Une équipe très forte qui marque beaucoup. Mais on attend un bon résultat, partout où on va on cherche les trois points.
"Le plus important, c'est le 'clean-sheet'"
Préférez-vous être beaucoup ou peu sollicité dans un match?
Le plus important, c'est le "clean-sheet" (ne pas encaisser de but). Parfois, on fait un travail que les gens ne voient pas. On peut éviter des occasions en parlant bien avec les défenseurs.
Vous avez été coéquipier de Kylian Mbappé au PSG. Qu’est-ce qui fait qu’il est différent?
Il est fort, c'est l'un des meilleurs joueurs du monde. Il est rapide. Il faut analyser tout ça et être prêt. C'est un joueur très rapide. C'est plus difficile à anticiper. Mais ça reste un joueur comme un autre, qui peut être dangereux dans la surface.
Quels souvenirs gardez-vous de votre première saison à Nice sous les ordres de Christophe Galtier et ce parcours en Coupe de France (Nice s'inclinera en finale contre Nantes, 0-1)?
Quel beau souvenir. Malheureusement, on n'a pas gagné la Coupe de France. Mais on a été très proche. Je pense que quand tu progresses avec l'équipe, ça ne fait que de beaux souvenirs.
Quand et comment avez-vous su que vous aviez la confiance des dirigeants pour être le gardien titulaire cette saison?
Il y a un nouveau coach qui est arrivé. On avait notre premier match à jouer et deux jours avant la reprise du championnat, le coach m'a parlé. Il m'a dit qu'il me faisait confiance. J'ai montré que je suis capable de faire ce qu'il me demande.
Comment avez-vous vécu la saison dernière? Était-ce frustrant?
Par rapport à la blessure, ça n'est jamais facile. Elle m'a mis à l'écart pendant 4 ou 5 mois. En début de saison, j'étais en bonne forme. C'était frustrant parce que j'étais bien motivé, prêt à jouer. A ce moment, le pire moment, la blessure est arrivée. Même s'il n'y a pas de bon moment. J'ai travaillé très dur pendant la blessure. Maintenant, je suis focus sur mes objectifs.
Est-ce que le fait d’être numéro 1, dans une hiérarchie bien claire, facilite les choses dans la tête d’un gardien?
Je pense qu'être numéro 1, c'est différent pour la tête. Parce que tu sais que chaque week-end tu te prépares mentalement pour jouer. Si tu es numéro 2, tu as plus de travail. Tu fais partie de la concurrence. Mais tu dois être prêt, ton moment peut arriver n'importe quand.
"Comme un onzième joueur"
Quelles sont les consignes du coach, qui est un ancien entraîneur de gardiens?
On l'a vu sur les premiers matchs. Garder le ballon, presser très haut. Pour le gardien, il s'agit de prendre la bonne décision avec les pieds. C'est risqué. Plus tu as le ballon, plus tu as de chance de le perdre. J'en touche plus qu'avant pendant les matchs. Après je dois toujours faire des arrêts, ça change pas.
On voit des prises de risques dans les sorties de balle, ça a parfois coûté des buts, en prépa notamment. Mais est-ce que c’est un risque assumé par le coach et l’équipe?
Dans nos têtes, on sait qu'il y a le risque de perdre un ballon dans notre surface ou de subir une contre-attaque. On presse très haut, c'est aussi un risque. Parce que si tu ne récupères pas le ballon, tu as plus d'espace à couvrir. Mais on doit prendre le risque, aujourd'hui le foot est comme ça.
Il n’y a que 4 journées de disputées mais Nice a la meilleure défense du championnat (seulement 2 buts encaissés). Parlez nous de votre relation avec Dante et Todibo...
C'est le travail d'une équipe. On défend et on attaque ensemble. J'ai une très bonne relation avec Dante et Jean-Clair. Ils ont fait de très bons résultats ces dernières années. On veut encaisser le moins de buts possible.
Pourquoi vous rassurent-ils?
Je pense à leurs qualités. Ils sont capables de faire beaucoup de choses. Dante a fait je ne sais combien de matchs dans sa vie, même lui a du perdre le compte. Jean-Clair est devenu un leader. Ce qui est bien, c'est qu'ils sont complémentaires. L'expérience, la vitesse, le jeu avec ballon: ils se complètent bien.
Le gardien doit lui aussi lire le jeu et la profondeur...
C'est aussi le coach qui me demande de jouer plus haut, anticiper derrière les défenseurs qui marquent les attaquants très hauts. Ça me force à jouer haut aussi pour aider l'équipe comme un onzième joueur, à rester vigilant pour éviter une occasion.
Quelle place avez-vous dans le vestiaire?
Je suis bien avec l'équipe depuis mon arrivée. Je suis un gars qui peut avoir des bonnes relations avec tout le monde, je suis un peu extraverti. Gardien, c'est un poste à responsabilité, on doit être vigilant. On paye aussi pour les erreurs des autres mais je suis bien avec mes coéquipiers. L'ambiance est bonne.
Quelles sont vos relations avec le coach?
J'ai une très bonne relation avec lui. C'est un jeune coach. On parle italien ensemble. Il est arrivé et nous a montré sa philosophie, on travaille sur ça tous les jours. On est prêt, ça se voit qu'on joue différemment. On va continuer comme ça parce qu'avec un peu plus de chance, on serait à 12 points aujourd'hui.
On vous sent connecté avec le public niçois, dès même la sortie à l’échauffement. Est-ce que vous vous nourrissez de ça?
Ça aide. Notre relation avec les supporters depuis la première saison est très bonne. On est très proches. Les supporters sont un peu fous, comme moi. Chaque fois que je sors, je sens leur soutien derrière la cage. Je pense que ça va continuer comme ça, il n'y a pas de raison que ça change.
Qu'est-ce que vous préférez dans ce rôle de gardien?
Faire un grand arrêt à la maison. Ça donne la confiance, ça permet de se débloquer dans le match. Après, dans la tête, tu es plus calme.
"Être le meilleur gardien du championnat"
Cette première contre Lille, la considérez-vous comme une entame parfaite?
Oui... Jusqu'à la 94e minute et ce but encaissé sur coup franc. J'étais très bon mais la course est longue. Chaque week-end, c'est une occasion de montrer ce que je suis capable de faire.
Quels sont vos objectifs personnels?
J'ai quelques objectifs dans ma tête. Il faut y aller pas à pas. L'un d'entre eux est de bien m'installer ici à Nice comme numéro 1. Vivre une belle aventure ici avec le club qui m'a donné ma chance. Je veux montrer qu'ils avaient raison de me mettre dans la cage. M'installer aussi en équipe nationale, j'en rêve depuis tout petit... Et être le meilleur gardien du championnat.
Et collectifs? Que doit viser Nice cette saison?
Nice veut se qualifier pour une coupe d'Europe, on ne sait pas laquelle. On va tout faire pour finir le plus haut possible. Le championnat commence à peine. On a nos objectifs en tête et on essaie de faire du mieux possible.